En 2006, nous avons osé.
Cette année aura été marquée par la création de deux chantiers très particuliers. L’un autonome financièrement –une première en Chablais- et l’autre réservé uniquement à des femmes ce qui est également inédit. Le premier chantier participe à la protection de l’environnement et de la zone de l’impluvium des eaux d’Evian. Une mission extrêmement importante qui a pour objet de pérenniser une ressource naturelle et industrielle de notre bassin d’emploi. Le deuxième chantier tente de pénétrer un marché prometteur, celui de l’équipement de la maison avec une idée plus qu’originale, à savoir, la fabrication de meuble en carton. En 2006, nous avons donc été audacieux.
L’insertion, un investissement rentable pour le territoire.
Je voudrais profiter de cet espace d’expression pour vous faire part d’une réflexion et vous proposer d’appréhender autrement l’insertion par l’activité économique.
Les chantiers d’insertion participent pleinement au développement du territoire.
• Tout d’abord, ils sont des employeurs. A Chablais Insertion nous comptons 11 employés permanents et 43 employés aidés.
• Ensuite, ils sont soutenus par un bénévolat dynamique : 6 personnes dans notre structure. On notera, cependant, les difficultés croissantes pour mobiliser un bénévolat actif et pérenne, pour des raisons liées à la crise générale du bénévolat, mais aussi à la professionnalisation croissante du fonctionnement des structures qui suppose celles des bénévoles.
• Les chantiers d’insertion, ont aussi un impact économique non négligeable sur le territoire. Notamment en termes de masse salariale qui s’élèvent environ à 582 146 euros pour Chablais Insertion. Ce pouvoir d’achat est distribué pour une large part à des personnes qui auraient autrement été bénéficiaires de minima sociaux, ce qui est un facteur de richesse pour l’ensemble des acteurs économiques et publics au travers de la consommation et des contributions qu’il génère.
• Autre élément producteur de richesse, les achats de produits et services de notre structure (hors locations et charges locatives, hors frais bancaires, cotisations organismes et médecine du travail), qui représentent environ 101 641 euros en 2006, que nous nous obligeons à faire sur notre bassin d’emploi.
• Au total donc, notre structure aura injecté en 2006 dans l’économie de notre territoire plus de 583 787 euros, soit plus que le montant des subventions reçues qui est de 544 130 euros environs.
• Enfin, la majorité de nos chantiers participent à l’amélioration de notre cadre de vie, en milieu urbain, et en milieu rural avec l’entretien des espaces naturels et protégés.
Dernière réflexion, il me semble que l’insertion par l’activité économique représente un investissement rentable pour les collectivités. Si l’on compare les financements perçus et les économies réalisées par la mise à l’emploi de personnes qui auraient été à la charge de la collectivité, les structures d’insertion génèrent une économie nette. Disons les choses plus clairement : il est moins coûteux de proposer un poste d’insertion à un demandeur d’emploi que de simplement l’indemniser. Ma réflexion a pour objet de valoriser l’apport des structures d’insertion auprès des décideurs politiques qui, soyons honnête, ne perçoivent pas toujours clairement leurs rôles et leur importance. Chiffre à l’appui, je vous prouve donc que notre activité a des retombées autant sociales qu’économiques.
Illettrisme : plusieurs dizaines de milliers de Haut-Savoyards touchés
Sont considérés comme illettrés les personnes qui n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture et de l’écriture et des compétences de base pour être autonomes dans les situations simples de la vie quotidienne. Nous constatons dans notre association depuis quelques années des cas d’illettrisme. En 2006, 30% de nos effectifs ont fait l’objet d’un illettrisme repéré, 10% seulement l’ont évoqué et accepté. Evidemment, ceci nous inquiète. Est-ce un phénomène nouveau ? Il y a-t-il plus d’illettrés, aujourd’hui ? Où, savons-nous mieux les repérer ? L’illettrisme est une des problématiques que nous devons traiter, et c’est à bras le corps que nous nous engageons pour le déceler et le supprimer. Nous souhaitons que nos responsables politiques prennent conscience de ce phénomène. C’est pour cela que nous consacrons une partie de notre Assemblée Générale à une conférence sur l’illettrisme en Haute-Savoie et dans le Chablais.
Nous mettons en avant cette problématique… mais sachez qu’à Chablais Insertion nous en avons bien d’autres, qui deviennent d’année en année plus flagrante. En effet, en situation de plein emploi, les chantiers d’insertion accueillent les personnes les plus en difficulté, les plus vulnérables, voir en voie de précarisation. On constate chez nos salariés de plus en plus une absence totale de formation, un manque de mobilité, un isolement social pesant, et surtout des problèmes de santé, psychiques et d’addiction. Des problématiques extrêmement complexes. Compte tenu de l’évolution de la population en insertion, Chablais Insertion a du développer et renforcer son suivi individuel, ainsi que son expertise pour apporter à chacun la meilleure réponse. Les réponses ne sont pas systématiquement la mise en emploi. En 2006, plus que les autres années, nous avons orienté les plus fragiles vers des établissements spécialisés (handicap, soin psychique, santé…). Cette évolution est révélatrice de l’évolution des difficultés de nos publics. Nous regrettons que les pouvoirs publics n’anticipent pas ces évolutions, et ne dotent pas notre territoire des équipements nécessaires, obligeant notre association à devenir une «salle d’attente » en patientant que des places se libèrent dans les établissements qui devraient efficacement recevoir et prendre en charge certains de nos bénéficiaires.
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