Le député UMP Philippe Houillon a remis le 9 juillet 2009 un rapport sur l'opportunité d'encadrer les salaires des dirigeants des grandes entreprises françaises.
► Un encadrement des rémunérations des patrons est-il nécessaire ?
Pendant sa campagne présidentielle, Nicolas Sarokozy avait dénoncé les excès concernant les parachutes dorés et les stock-options. La loi « Travail, emploi et pouvoir d'achat » (TEPA) a eu pour objectif de rendre plus humain le capitalisme et d'éviter les abus, notamment par le versement des indemnités de départ proportionnellement à la performance de l'entreprise.
Des efforts ont été faits mais des problèmes persistent.
La France
qui en 2007, voyait les dirigeants du CAC 40 profiter d'une hausse de 58%, n'est pas la seule à constater l'augmentation des revenus des grands patrons ! Les Etats-Unis, eux aussi, sont touchés par ce phénomène. L'État qui avait sauvé AIG de la faillite a appris que le directeur sortant avait reçu 68 millions de dollars d'indemnités de départ !
Certains abus sont d'autant plus scandaleux que nous traversons une période de crise particulièrement aiguë.
Les retraites « chapeaux », calculées sur le pourcentage du dernier salaire annuel, nourrissent également la polémique sur les abus des rémunérations des grands patrons.
Ces dernières, qui complètent la retraire obligatoire, peuvent se monter à 1 ou 2 millions d'euros par an ! Bien qu'elles soient encadrées par la loi, elles font l'objet de polémique.
Ainsi, Daniel Bertrand, l'ex-patron de Carrefour, devait recevoir 1,2 millions d'euros chaque année, avant l'annulation de cette décision par la justice.
Ces pratiques ne peuvent plus durer et nécessitent d'être encadrées par le législateur. En 2008, le Medef et l'Afep avaient tenté de mettre en place un code de pratique éthique fondé sur l'autorégulation mais les scandales auxquels nous sommes confrontés engendrent une réelle volonté de changement !
► Quels enseignements peut-on tirer des pays occidentaux ?
L'Union Européenne souhaite harmoniser les politiques relatives à la rémunération des grands patrons. En terme de régulation, les différences entre
la France
, l'Allemagne et
la Grande-Bretagne
sont considérables.
Chez nos voisins germaniques, la loi laisse une grande liberté au conseil d'administration qui approuve
la rémunération. En
revanche, si l'entreprise est cotée en Bourse, le salaire du PDG doit être rendu public. En Grande-Bretagne, le niveau de rémunération est contrôlé par les actionnaires.
Comme nous le constatons, la législation dans ce domaine est très particulière. Ainsi, l'Union Européenne a chargé le forum européen sur le gouvernement d'entreprise de présenter des mesures pour unifier les politiques communautaires:
§ Le salaire des dirigeants doit être proportionné aux rémunérations des autres salariés de l'entreprise pour éviter un trop grand déséquilibre.
§ Les indemnités de licenciement doivent être limitées à deux années de salaire annuel et ne pourront pas être versées si le résultat de l'entreprise est trop faible.
► Comment lutter contre les excès ?
Parmi les mesures proposées par le rapport Houillon pour mettre fin aux scandales répétés, le prix d'achat de stock-options par les cadres-dirigeants est mis en exergue. Bien trop préférentiels, ils seront relevés.
Concernant la rémunération, les grands patrons seront rétribués en fonction du résultat de l'entreprise selon l'intérêt général. L'affaire EADS avait fait scandale, Noël Forgeard, le PDG avait reçu 8 millions d'indemnités de départ. Au même moment, 10 000 personnes étaient licenciées! Un comité sera créé dans les entreprises du CAC 40 qui contrôlera la rémunération des dirigeants avant l'approbation des actionnaires.
Le rapport souhaite la suppression des retraites chapeaux remplacées par «un système de retraite par capitalisation». Le dirigeant verserait personnellement des cotisations pendant la durée de son mandat.
Afin de ne plus multiplier les sources de revenus, le rapport prône la suppression du cumul entre contrat de travail et mandat social.
La déduction de l'impôt sur les sociétés des rémunérations qui se montent à plus de un million d'euros ne sera plus assurée.
Alors qu'une loi régulatrice semble propice à une nouvelle ère du capitalisme portée par le président de
la République
, on entrevoit des résistances. Laurence Parisot, à la tête du Medef, considère qu'une loi nuirait au dynamisme et à l'attractivité de
la France. Pourtant
, l'Autorité des Marchés Financiers est favorable à la mise en place d'une loi-cadre sur le salaire des dirigeants