Objet : Accueil de Jour
Monsieur le Président, Monsieur le Maire
Je me permets de vous écrire pour vous faire part de mon incompréhension, et de ma stupéfaction lorsque j’ai appris en fin de semaine la fermeture de l’accueil de jour à la fin de ce mois.
Ce service social destiné aux plus précaires me tient particulièrement à cœur, en étant à l’origine dans notre ville. Il y a plus de 15 ans, grâce au soutien d’associations caritatives, et à la mobilisation des services de l’Etat nous avions créé un site d’accueil, que l’on avait appelé « Le Môle » , du nom de l’abri dans les ports pour se protéger des mauvaises vagues.
Après la création de la PAS, en 2004 en collaboration avec les hôpitaux et le docteur Véronique Tollet-Verdier ; la création d’un accueil de jour était une suite logique pour consolider l’accompagnement des plus précaires. A cette occasion, aussi a été mis en place un véritable service « Grande Précarité » avec la création de postes d’éducateurs spécialisés, que nous avions formés et « installés » grâce au soutien financier du FSE fond européen.
Ce lieu ouvrait ses portes pour prendre la suite de l’abri de nuit. Un site chauffé. Un site également ouvert aux femmes (l’abri de nuit étant uniquement pour les hommes). Un lieu d’accompagnement dans une logique d’insertion sociale, mais aussi parfois professionnelle. Un lieu et un accompagnement pour se construire un parcours.
L’accueil de jour, n’est pas un lieu « ou l’on ne fait rien », ni où « l’on passe son temps à ne rien faire », comme je peux l’entendre parfois. D’ailleurs, comment des élus peuvent dire de telles choses.
C’est un lieu où l’on rencontre des travailleurs sociaux. Mais aussi, où l’on peut voir un médecin. Où l’on se lave, et où on lave son linge. Un lieu où l’on mange chaud à midi, et part avec un « casse-croute » pour le soir. Un lieu où l’on recharge son téléphone ou son ordinateur. Un lieu où une articulation se fait avec des associations caritatives, avec des structures d’insertion.
Vous n’êtes pas sans savoir que des personnes dorment dans leur voiture. Même à Thonon. Ces personnes ne sont pas des marginaux qui font le choix de vivre ainsi. Ce sont des « travailleurs » sans contrat, en raison de la crise économique, et de la crise sanitaire. Ces personnes fréquentent l’accueil de jour, pour justement parler, se doucher, voir « des gens », laver leurs linges, manger chaud, voir un médecin … Quand on est seul, les nuit sont longues, les jours aussi. Alors certes, ce ne sont pas des thononais, ni des chablaisiens. Mais je n’ose imaginer que l’on peut avoir si peu d’humanité pour ne pas les voir.
La solution passe par un lieu. Un endroit pour accueillir. Une solution temporaire a été mise en place. Mais comment en sommes-nous arrivés là. Vous connaissiez cette réalité, et les délais qui étaient annoncés. J’ai le sentiment que vous n’avez pas été mobilisé sur cette question. Probablement pas un sujet majeur au regard des gros dossiers que vous avez à gérer par ailleurs. Aujourd’hui, ceci doit être l’une de vos préoccupations principales. Et je sais que lorsque vous avez décidé quelque chose, vous savez tout entreprendre pour que cela aboutisse. J’appelle de mes vœux que vous vous mobilisiez sur cette question. La solution sera également intercommunale. C’était, tout du moins, l’esprit dans lequel nous avions créé ce service à l’époque, avec le soutien d’Evian et de Publier.
Il n’y a pas de petit dossier. Comme il n’y a pas de petites gens. Tous sont importants. C’est ce qui fait une communauté.
Mon courrier n’a pas une tournure protocolaire, et ceci doit vous surprendre. Mais je suis une personne de conviction très engagée, notamment sur ces sujets de précarité. D’où la tonalité plus personnelle que d’habitude.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, ma considération distinguée.
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