Le manque de médecins se fait ressentir cruellement dans les zones rurales mais également commence à être un problème dans certaines zones urbaines. La grande Région ne peut pas rester les bras croisés devant cette situation inquiétante.
Les chiffres
- Baisse de 10% des médecins d’ici 2025 ; or, forte augmentation des besoins de santé dans les prochaines années (maladies chroniques, vieillissement de la population)
- 9 services d’urgence menacés de fermeture en RAA (selon un article du Figaro du 31 août 2015)
- En Rhône-Alpes-Auvergne, plus d’un médecin sur cinq est âgé de 60 ans et plus (21,6% des effectifs en Rhône-Alpes, 24% en Auvergne). Moyenne d’âge moyenne : 51 ans.
- RAA : 2e pire région en délai d’attente pour un ophtalmologue : cinq mois d’attente soit deux fois qu’en Ile de France
- Auvergne : deux fois plus de temps d’accès à un dermatologue, pédiatre ou généraliste que dans le reste du Pays. 16e région de France en nombre de généralistes par habitant (en baisse de 7% en 7 ans)
- Aide à l’installation financée par RA, seulement 3 médecins généralistes éligibles par an + 54 bourses aux internes en médecine générale (400€ par mois pour 1 semestre de stage en zone sous-dotée)
- 40 maisons de santé financées par la Région Rhône-Alpes entre 2010 et 2015 (76 aujourd’hui en fonctionnement).
- 13 maisons de santé en fonctionnement en Auvergne
Exemples
- La pénurie de médecins a obligé la ville de Belley (Ain) à faire appel à un ancien médecin scolaire roumain pour lutter contre la désertification médicale. Il n'y avait plus que 9 généralistes dans ce secteur pour 20 000 habitants.
- Désertification médicale : phénomène pas uniquement rural. Cf Lyon 7e
- Une Région qui défend la médecine libérale aujourd’hui étouffée par Mme Touraine
Le projet de loi de santé de Mme Touraine, imposé sans dialogue, met gravement en danger la qualité de notre système de santé en France.
En qualité de député, je me suis fermement opposé à l’adoption de ce projet qui a pour conséquence la disparition programmée de la médecine libérale, étouffée toujours un peu plus par le contrôle administratif des Agences Régionales de Santé et des organismes d’assurance.
Mme Touraine livre nos médecins entre les mains des mutuelles et des assurances. Or, ce sont nos médecins, implantés sur tout le territoire, formés dans les universités françaises au terme d'études exigeantes, qui assurent la délivrance de soins de proximité et de qualité dans notre pays.
Par ailleurs, faire croire qu'il est gratuit de consulter est une aberration totale ! Il dévalorise le métier de médecin tout autant qu’il déresponsabilise le patient.
Je suis convaincu que la médecine libérale a un rôle essentiel à jouer dans notre système de santé. Pour lutter contre la désertification médicale, la Région devra s’appuyer sur eux.
- Queyranne n’a pas su mettre en œuvre une politique qui soit à la hauteur des enjeux
La situation dans notre Région est aujourd’hui critique. Demain, si rien n’est fait, elle deviendra catastrophique.
Vous voulez voir un ophtalmologue en Rhône-Alpes ? Il vous faudra patienter cinq mois, soit deux fois plus qu’en Ile de France.
- Queyranne n’a sans doute pas mesuré la gravité de la situation. Il pensait peut-être traiter le problème en attribuant chaque année une bourse d’installation à 3 jeunes généralistes s’installant en zones sous-dotées. De la poudre aux yeux !
Face à une situation qui se dégrade et qui pourrait devenir catastrophique, nous avons besoin d’une action forte de la Région plutôt qu’une politique de saupoudrage inefficace.
Quand on veut des résultats, il faut une politique résolue.
Les mesures :
- Verser une bourse aux étudiants qui s'engagent à exercer, à la fin de leur cursus, une spécialité en pénurie - dont la médecine générale - dans une zone déficitaire en médecins.
- Former plus de médecins pour ne pas devoir avoir recours aux médecins étrangers : desserrement du numerus clausus
Le numerus clausus dans nos universités doit être desserré. Cela n’a pas de sens d’augmenter toujours plus le recours à des personnels de santé étrangers quand tant de nos jeunes souhaitent exercer ce métier. Sans compter que ces médecins étrangers présentent souvent moins de garantie en termes de diplômes et de formation.
Détails sur le numerus clausus RAA :
Académie / Faculté |
Médecine |
Pharmacie |
Sage-Femme |
Dentaire |
Total |
Grenoble I |
172 |
97 |
37 |
18 |
324 |
Lyon I |
411 |
168 |
47 |
53(+1) |
679 |
Saint-Etienne |
139 |
55 |
12 |
11 |
217 |
TOTAL RAA |
722 |
320 |
96 |
83 |
1220 |
TOTAL France |
7497 |
3097 |
1011 |
1198 |
12803 |
%RAA |
10% |
10% |
9% |
7% |
10% |
Pop RAA = 12% de la Pop Fr |
- Multiplier les maisons et pôles de santé
Les maisons de santé ne créent pas en tant que tel de nouveaux médecins mais sont des atouts de taille pour attirer les jeunes médecins dans des zones sous-dotées :
1/ Elles améliorent les conditions d'exercice des professionnels (matériel, secrétariat commun, collaboration avec d’autres professionnels autour d’un projet de santé –kiné, sage femme, psychologue, diététicienne, etc.-)
2/ Elles répondent aux aspirations des jeunes médecins qui veulent :
- ne pas se trouver isolés alors qu’ils ne font que débuter
- avoir de meilleures conditions de travail, notamment du matériel de qualité
- travailler avec d'autres professionnels de santé et y être formés
(!) Pour la réussite de ces maisons de santé, le projet doit être porté par les professionnels de santé.
Notre proposition : le doublement des aides de la Région
Aujourd’hui, le plafond d’intervention de la Région pour les MSP est fixé à 100 000€, un montant faible si on le compare à ce qui se fait ailleurs (souvent les aides se situent autour de 25% du projet, ceci peut aller de 150 000 à 300 000€). Nous proposons donc un doublement de ce plafond d’intervention régional qui serait de 200 000€.
Bilan de l’existant
La Région Rhône-Alpes reste une des régions en France la plus dynamique pour ce qui concerne le nombre de ces structures : 76 en fonctionnement, 17 en chantier, 75 où une réflexion est initiée. Entre 2010 et 2015, la Région a financé 40 MSP.
La Région Auvergne compte 13 MSP en fonctionnement. Une vingtaine est en projet par exemple en Auvergne au 30 septembre 2014.
- Favoriser le développement de consultations délocalisées pour améliorer l'accès aux médecins spécialistes dans les zones sous-dotées
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