Premier maillon de l'intégration souvent pointé du doigt comme responsable de l'échec de l'intégration, l'école a, mercredi soir, rassemblé une centaine d'adhérents LR , sympathisants et de Français non cartés désireux, dans le cadre des Rendez-Vous du Projet, de débattre de l'avenir de l'une des institutions socles de la République française.
« Cette critique de l'échec est souvent injuste car l'école, face au défi de l'intégration, est bien souvent la seule présence de l'Etat dans les territoires », nuançait en préambule de ce Rendez-Vous placé sur le thème de « L'école au cœur de l'intégration républicaine », Olivier Marleix, député-maire d'Anet (Eure-et-Loir) et Secrétaire national en charge, avec son binôme Nadia Hamour, de l'Intégration.
« Malgré des moyens supplémentaires, les inégalités ne cessent de se creuser entre ceux qui s'en sortent et ceux qui s'en sortent moins », constate cependant Olivier Marleix inquiet de voir combien un certain nombre de valeurs de notre pays étaient de plus en plus délaissées, voire méconnues par un nombre grandissant de jeunes.
« L'école éduque, instruit, intègre. C'est sa mission originelle. A la fin du XIXème siècle, l'école a transformé des petits Bretons, des petits Basques... en de petits Français. L'Ecole de la République a permis à beaucoup d'enfants d'aimer, de servir, d'honorer notre pays. Ce modèle est aujourd'hui malade. Il fonctionne beaucoup moins bien », constate Nadia Hamour, par ailleurs historienne et universitaire.
Pour quelle(s) raison(s) ? « On a laissé s'installer une logique communautaire intégriste. », poursuit Nadia Hamour, ciblant notamment la ghettoïsation. « Cette concentration nourrit les communautarismes, qui conduit au repli sur soi et qui amène la haine de l'autre. A l'école cela se transforme par un rejet culturel et par un rejet de la République », note Nadia Hamour critiquant sévèrement la posture idéologique de François Hollande et du PS qui, dès mai 2012, ont démonté tous les dispositifs mis en place sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy et qui avaient permis « à de nombreux enfants modestes d'accéder à l'excellence républicaine ».
Lutte contre le décrochage scolaire, accompagnement éducatif hors du temps scolaire, école de la seconde chance, internats d'excellence, établissements publics d'insertion de la Défense (EPIDe)... Nadia Hamour liste tous les parcours d'intégration que la gauche a stoppés. « Tous ces dispositifs avaient fait leur preuve », peste-t-elle. « On a remplacé l'élitisme républicain par un égalitarisme niveleur. L'école n'est plus un lieu de connaissances, de compétences, un lieu qui permet de grandir, elle est devenue un lieu insécure. Les parents n'ont plus confiance en l'école, les enseignants n'ont plus confiance en leur métier. Aujourd'hui elle est devenue l'école de la médiocrité. Tout l'enjeu est de refaire de l'école un creuset où se forme l'éducation à la nation », souligne Nadia Hamour.
« Si l'école est facteur d'intégration cela ne peut se faire si l'école n'est pas un lieu de transmission des savoirs », observe Louis Manaranche, jeune professeur agrégé d'Histoire à l'université Paris-IV, poussant les Républicains à s'interroger, dans l'élaboration du Projet, sur « les possibilités qui nous sont données pour rétablir la transmission ».
Auteur de « Retrouver l'histoire » publié au Cerf, Louis Manaranche constate le « jeu malsain » qui est celui de « cultiver une honte de l'Histoire de France qui contient évidemment des heures peu glorieuses. Il ne s'agit ni de les éluder, ni de les déplorer constamment, mais de donner la compréhension de l'histoire comme un tout, qui s'impose à nous. Les zones d'ombre d'une histoire familiale n'empêchent pas une identité assumée: il doit en aller de même pour l'histoire d'un pays ».
Il en résulte donc un « profond malaise dans la transmission de ce qui constitue le socle de notre culture commune. Face à des élèves d'origines diverses et issus d'univers à l'identité culturelle et religieuse forte, nous peinons à dire qui nous sommes et ce qui nous a faits ainsi. Si l'histoire de ce pays et de cette civilisation n'est pas enseignée, nous ouvrons la voie non pas à un choc culturel mais à celui de l'inculture », prévient Louis Manaranche.
Historien et essayiste, Dimitri Casali auteur de « France, ton histoire fout le camp ! » acquiesce, rendant responsable la gauche mais aussi la droite « du naufrage de l'école républicaine ». Dimitri Casali vise en particulier la dérive des contenus scolaires en matière d'Histoire... perméables à des « groupes communautaristes puissants ».
« Avant au CM1 l'on étudiait Victor Hugo et Théophile Gautier. Aujourd'hui les élèves apprennent le colonialisme et la traite négrière qui sera également étudiée de la sixième à la seconde ! »« L'Histoire est fondamentale pour un pays comme la France. Or, on ne l'a jamais autant reniée au nom de la repentance et de la bien-pensance. L'Histoire doit redevenir une source de confiance. Il faut revenir à nos racines, en étudiant notamment les grands personnages, modèles et repères pour les nouvelles générations », juge Dimitri Casali.
« Comment, après dix ans de parcours scolaire on en vienne à ce que des jeunes nourrissent une véritable haine de notre pays », interroge encore Dimitri Casali appelant à ce que l'Histoire, « dans un grand récit national, redonne passion et amour de notre pays ».
« Voir la France et le peuple français tant humiliés, violentés, y compris par leurs élites, m'était devenu insupportable. Rester assis et ne rien faire, c'est se rendre complice. » Née en France de parents algériens, Malika Saurel, ancienne membre du Haut Conseil à l'Intégration, instance crée par Nicolas Sarkozy et dissoute par François Hollande dès 2012, a pris son armure de combattante. Elle plaide également pour la transmission des savoirs. « Parents et grands-parents doivent être vigilants sur les programmes de l'Education nationale. Depuis les années 80, un virage radical a été pris dans le processus de la transmission, ce qui explique la dégringolade de notre pays dans le classement PISA ».
Malika Saurel pour qui « ne pas être Français de souche n'est pas une insulte », s'interroge sur le concept d'égalité des chances. « Faire que le dernier arrivé passe devant tout le monde, je ne pense pas que c'est ainsi que l'on réalisera la fraternité. Vous ne pouvez pas imaginer comme l'effet est dévastateur », observe Malika Saurel.
Sénateur de l'Essonne et grand chef d'entreprise, Serge Dassault, constant que « l'école ne formait plus la jeunesse à des métiers et fabriquait 150 000 chômeurs par an», avait tenu à participer à ce débat pour passer plusieurs messages. Dont ceux du rétablissement nécessaire des notes et celui « de redonner du sens à l'apprentissage pour permettre aux jeunes d'avoir très tôt un métier ».
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