Mardi soir, la société civile du Chablais recevait Luc Baehni, directeur general de la CGN (compagnie generale de navigation). L’occasion de faire le point sur cette compagnie et sur la problématique transport sur le lac Léman. Dans la salle : des chefs d’entreprises, des frontaliers ( dont le Vice Président au transport du GET), des acteurs du tourisme et des élus.
La CGN : 3 missions
- La conservation du patrimoine : avec la plus grande flotte au monde de type Belle époque- les suisses sont viscéralement très attachés à cette mission. La flotte Belle Epoque représente 8 bateaux sur les 19 de la Cie.
- Le tourisme : autour du lac la CGN dessert 43 embarcadères. 9 bateaux sont prévus pour les croisières, ou les traversées touristiques, ou pour desservir des petits ports suisses en majorité. Cette mission fait parti d’une forte demande des cantons suisses, qui voient presque exclusivement en la CGN un outil touristique. L’activité de la CGN a une forte saisonnalité : 350 000 passagers par mois en été, contre 50 000 en hiver (octobre à avril). Sur l’année c’est 1,9 million de passagers.
- Transport public : ce sont surtout les 2 navibus, et des navettes et les 4 débarcadères français : Evian, Thonon, Yvoire et Chens. Un transport pour les frontaliers en direction de Lausanne et Nyon. Et c’est cette mission qui progresse le plus depuis 2003 avec une progression de fréquentation globale sur la Cie de 31% par an, soit 100 000 passagers de plus par an.
Alors transport public ou touristique ?
Le transport public prend donc une place de plus en plus importante a la CGN.
Mais les actionnaires de la CGN étant les cantons suisses en majorité, et pour le reste l’association qui s’occupe de la Flotte Belle Epoque, la politique de la Cie est axée principalement sur le tourisme, et le patrimoine. Concrètement cela se traduit par les choix en investissement : pour 2012, 21 millions de FCH sont mis sur la table pour les flottes touristiques et patrimoniales….rien pour le transport public. Mais ceci n’est pas tant du (selon moi) a une mauvaise volonté, mais plutôt a un manque de culture de transport public lacustre sur les rives suisses.
Pour le transport public : c’est plutôt rentable !
- N1 :Evian/Lausanne : rentable
- N2 : Thonon/lausanne : presque rentable
- N3 : Yvoire/Nyon : presque rentable
- N4 : Chens/Nyon : pas rentable- mq 50%
Il faut savoir que les collectivités françaises (Ville Thonon, CCBC, CCPE, Conseil général et régional) subventionnent cette mission de service à hauteur, tout de même, de 1,100 million.
Les lignes N1 et N2 arrivent à saturation. « on arrive a un seuil de capacité » declare Mr Baehni.
Selon la CGN, il manque 1,5 million que les collectivités francaises devraient payer.
La France doit –elle passer a la caisse ?
Nous sommes beaucoup à penser que l’effort sur le transport public doit etre partagé. Certes ces bateaux amènent des français pour qu’ils travaillent en Suisse….. mais les frontaliers participent au fort développement du canton de Vaud, et qu’on le veuille ou non, sans les frontaliers, ce développement ne se ferait pas.
Par ailleurs, chaque année, l’Etat Français (Bercy) fait tout de même un chèque de plus de 50 millions d’euros au canton de Vaud, pour rétrocéder une partie de l’impot sur le revenu versé en France par les frontaliers. Alors qu’il faut rappeler, du côté de Genève (qui participe a l’effort de transport), Genève reverse des fonds a la France. Dans ce contexte, il ne serait pas choquant que le canton participe a l’effort de transport public, pour le bien de son economie et de son developpement.
Aussi, comme en France, l’idée d’un versement transport semble faire son chemin (idée que j’avais lancé il y a 3 semaines lors d’une reunion de frontaliers) Il serait logique que les entreprises participent au transport de leurs salariés (tous les salariés Suisses et étrangers).
L’objectif étant bien entendu, en finalité, développer encore plus les TP, pour enlever de plus en plus de voitures de la route (tant en France qu’en Suisse….cela ferait du bien aux autoroutes suisses aussi !), en donc protéger notre environnement et notre cadre de vie.
De nouvelles lignes à l’étude ! des etudes payées par la France.
Il est incontestable que ce type de transport doit être développé. Mais il faut que les français le prouvent pour que la CGN fléchisse sa politique.
La CCBC, la CCPE et Thonon vont financer en 2012 des études de marché sur des créations : Evian/Vevey/Montreux ; Thonon/Nyon ; Thonon/Morges.
Si les études confortent le besoin…peut être que la CGN et ses actionnaires suisses vont consentir a faire des investissements pour le transport public. Pour 2012, l’achat d’un nouveau bateau TP a été refusé ! on espère donc pour 2013 ou 2014….. le tant de la construction et de la livraison.
Quel type de bateau ? un bateau de 350 à 400 passagers ; qui fait peu de bruit, a faible sillage (donc peu de vague), à un cout d’exploitation moindre que les Navibus et a faible consommation de carburant (les nouveaux bateaux feraient -30%).
donc beaucoup de projets. Dans le même temps, la Ville de Thonon engage pour 2012, des études (futur parking de Rives en sous terrain) et les travaux ( mise en valeur de Ripaille avec stationnement abaissé).
le Navibus du futur? Plus de passagers, moins de consommation....