Grand anniversaire hier, fêté dans les fédérations socialistes et largement relayé dans les médias. Matin, midi, soir et nuit….on a eu du Mitterrand a toutes les sauces. Chacun ( à gauche) y est allé de son souvenir, de son témoignage. Et avant les primaires socialistes, tous les candidats se sont lancés dans la course à l’héritage :
- Ségolène Royal : « J'ai envie de succéder à François Mitterrand […], j’ai été pendant 7 ans à ses côtés à l'Elysée, puis dans son gouvernement, ainsi qu'au Parlement. Je n'ai jamais oublié ses engagements. Même quand il était impopulaire, je les revendiquais »
- Martine Aubry veut « placer le PS dans la lignée de François Mitterrand »…
- François Hollande a choisi de tenir son premier meeting à Clichy-la-Garenne. Dans le théâtre où François Mitterrand avait lui-même tenu réunion… Et François Hollande a surenchéri : « Qu'est ce que je retiens de François Mitterrand le 10 mai [1981] ? C'est la conquête, c'est la ténacité, c'est la volonté, c'est la capacité de pouvoir traverser des épreuves, franchir des étapes et arriver. Eh bien moi aussi, j'ai fait un long chemin, je ne sais pas si il aura le même dénouement, mais je souhaite que 2012 ait des airs de 1981. »
L’héritage de François Mitterrand ?
C’est étrange car je ne retiens pas tout à fait le même.
- François Mitterrand face aux crises économiques : cela a été un échec. Hausse de 40% du chômage en 5 ans. + 800 000 chômeurs en 5 ans. Mr Mitterrand baissera même tout simplement les bras et dira « on a tout essayé contre le chômage » !
- il avait augmenté les taux des Prélèvements obligatoires de 4,4%.
- Il a augmenté la dette de la France de 30,5% en 5 ans
Certes il a fait aussi de grandes choses : la fin de la peine de mort, les radios libres…. Mais cela été un piètre gestionnaire. Une politique sociale désastreuse.
Il a été aussi un piètre acteur à l’international :
- François Mitterrand face aux crises internationales : le cynisme et l’aveuglement.
- Il a pas vu venir la chute du mur de Berlin.
- Il était hostile à la réunification des 2 Allemagnes. Selon les archives britanniques récemment déclassifiées, François Mitterrand aurait déclaré le 20 janvier 1990 à Margaret Thatcher : « La perspective de la réunification a provoqué un choc mental chez les Allemands», qui a pour effet de les «faire redevenir les mauvais Allemands qu'ils étaient». «L'Allemagne peut se réunifier et même reprendre des territoires qu'elle a perdus pendant la guerre. Elle peut même être plus étendue que sous Hitler »
Aujourd’hui à gauche se sont tous des bébés Mitterrand :
- Laurent Fabius est premier ministre de François Mitterrand entre 1984 et 1986.
- Henri Emmanuelli est de 1981 à 1986, Secrétaire d'État chargé des DOM TOM (1981 à 1983) puis Secrétaire d'État au Budget (1983 à 1986).
- Dominique Strauss-Kahn est élu président de la Commission des finances, puis nommé ministre de l'Industrie et du Commerce extérieur dans les gouvernements d’Edith Cresson et de Pierre Bérégovoy.
- Martine Aubry est entre 1982 et 1984 conseillère au cabinet de Bérégovoy alors ministre des affaires sociales. Puis entre 1991 et 1993, elle deviendra ministre du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle au gouvernement d’Edith Cresson.
- François Hollande est nommé chargé de mission à l’Elysée sur les questions d’économie en 1981. En 1983, il devient directeur de cabinet de Max Gallo puis de Roland Dumas.
- Ségolène Royal est conseillère à l’Elysée de 1982 à 1988 et nommée ministre de l’Environnement dans le gouvernement de Bérégovoy en 1992.
Mais quelques socialistes dressent quand même un bilan catastrophique des septennats de Mitterrand :
Au coeur de la mitterrandmania ambiante, certains socialistes n’ont pas perdu leur lucidité :
A la question de l’Express du 4 mai « quel bilan faites vous des 2 septennats de François
Mitterrand ? » Laurent Fabius, premier ministre de Mitterrand, ne trouve rien d’autre à dire
que : « rendre normale l’alternance droite gauche »… c’est un peu court pour 14 ans de
pouvoir !
Pierre Moscovici sur son blog le 11 janvier 2011 : « Cette longue période de 14 ans n’a pas
débouché sur une transformation sociale progressiste et profonde et s’est achevée par une
déroute historique de la gauche » « elle laisse l’image de variations voire de déceptions
idéologiques, le sentiment que la gauche n’a pas su de bout en bout rester fidèle à ses
valeurs, s’étant plutôt accommodée du chômage de masse »
Vincent Peillon, dans Marianne du 6 mai 2011, critique « le double discours : d’abord un
radicalisme marxisant dans l’opposition pour l’emporter, puis un pragmatisme sans
conviction ni ligne de force une fois dans l’exercice des responsabilités. »
Et Michel Rocard de conclure « Mitterrand n’était pas un honnête homme »