Il leur a fallu un peu plus de temps qu’ils ne l’avaient pensé au départ, mais cette fois-ci c’est fait. Le patronat et les syndicats ont arrêté un premier train de mesures destinées à offrir en 2011 un accompagnement renforcé à 65 000 jeunes ayant des difficultés d’accès à l’emploi. 80 millions d’euros seront débloqués pour trois types de publics : 20 000 jeunes “décrocheurs” sortis sans qualification du système scolaire, 25 000 jeunes ayant intégré un cursus dans l’enseignement supérieur et rencontrant des difficultés d’insertion et 20 000 autres jeunes ayant des difficultés récurrentes d’accès à un emploi durable.
Le coût des mesures concernant les 20 000 décrocheurs a été évalué à 30 millions d’euros. Elles seront financées par le Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP). Ce même fonds apportera les 30 autres millions nécessaires au financement des mesures d’accompagnement des jeunes qui peinent à accéder à un emploi durable. 20 millions d’euros seront prélevés sur les réserves de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) pour financer les dispositifs destinés aux jeunes ayant intégré l’enseignement supérieur. Il n’y aura pas de charge supplémentaire pour les entreprises, mais un meilleur fléchage de ce qui existe déjà, à la grande satisfaction du Medef.
L’accompagnement des décrocheurs relèvera des missions locales. Elles devront notamment leur donner la possibilité d’acquérir les pré-requis de base (savoir lire, mais aussi savoir utiliser les outils informatiques ou bénéficier d’une formation en langue) leur permettant ensuite d’accéder à une qualification, notamment par les formations en alternance et/ou la préparation opérationnelle à l’emploi (POE)”. Ce dispositif permet de se former en vue d’occuper un emploi déjà identifié. Le suivi des jeunes ayant entamé un cursus dans le supérieur sera assuré par l’APEC, qui devra les mettre en relation avec les entreprises. La dernière catégorie de jeunes sera prise en charge par Pôle emploi.
Les signataires de l’accord demandent à Pôle emploi d’affecter en 2011 et en 2012 30 000 préparations opérationnelles à l’emploi et actions de formation préalables au recrutement (AFPR) par an à ces jeunes. Le projet d’accord prévoit que pour les moins de 26 ans, les conditions d’accès au Congé individuel de formation pour les salariés en contrat à durée déterminée CIF-CDD seront assouplies, l’alternance étant prise en compte dans ce parcours.
20 000 jeunes seront, enfin, pris en charge dans le cadre de la lutte contre l’illettrisme. “Une part significative” de l’enveloppe de 40 millions d’euros prévue à cet effet devra y être consacrée. Un comité de pilotage paritaire national sera chargé du suivi de l’accord. FO a proposé aux partenaires sociaux qu’ils demandent l’intervention du Fonds social européen (FSE).
A l’exception de la CGT, les quatre délégations syndicales ont jugé le projet d’accord positif. “C’est une avancée, qui conditionnait le reste de la négociation sur l’emploi des jeunes. Le jour où le chef de l’Etat évoque la nécessité d’un contrôle accru sur les chômeurs, nous, les partenaires sociaux, nous insistons sur l’importance d’un accompagnement renforcé des jeunes vers l’emploi”, s’est réjoui Laurent Berger (CFDT). “On a envoyé un signal concret aux jeunes. Les partenaires sociaux s’engagent. Et en même temps, ils disent à l’Etat engagez-vous aussi dans le cadre des fonds européens que vous gérez. Je ne doute pas que le gouvernement réponde favorablement à notre demande “, a ajouté Stéphane Lardy (FO). Les chefs de file de la CFE-CGC et de la CFTC ont également porté un jugement positif sur le texte. “Nous sommes heureux de cet accord. C’est un premier signe important que les partenaires sociaux envoient aux jeunes”, s’est félicité Benoit Roger-Vasselin (Medef). La prochaine séance de négociation, le 29 avril, pourrait porter sur les questions de logement
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