Cadre- Liberté- Confiance
"Ma première pensée pour ce rapport moral va au personnel de la Mission Locale du Chablais qui a su avec dévouement, patience, volonté, audace, et détermination traverser la crise qui touchera à sa fin (nous l’espérons) dans quelques mois. Depuis plus de deux ans, les conseillers, et l’accueil ont été confrontés directement à l’impatience grandissante des jeunes. Une jeunesse qui a plusieurs fois manifesté son découragement, et sa colère.
Ma deuxième pensée sera sur la confiance. Dans cette situation de crise économique, on constate une résurgence de la crise de confiance en les institutions. On peut même évoquer une situation de défiance vis-à-vis des services publics qui ont paradoxalement pour mission l’accompagnement des personnes dans leur insertion professionnelle. Si selon l’Observatoire de la Confiance (Mission 2008/2011) 90% des jeunes de 15-25 ans déclarent que le monde va mal, ils sont cependant 75% à penser pouvoir s'en sortir. Malheureusement, pour s’en sortir, ils ne comptent pas sur nous acteurs de l’emploi et de l’économie. Seulement 37% font confiance aux entreprises, et 41% font confiance aux services publics. Selon cette étude, les jeunes attendent de nous de la reconnaissance, de la considération, et du soutien ». Ce constat, nous en avons conscience ; d’autant plus que les média traditionnels ou du web, n’ont de cesse de nous raconter les aventures de bénéficiaires mécontents, omettant souvent les aventures des jeunes qui s’en sortent brillement.
Ma troisième pensée sera sur le cadre. On attend beaucoup de nous. Parfois même l’impossible. Alors que l’impatience est croissante, nos conseillers doivent de plus en plus rappeler le cadre du parcours d’une insertion sociale et professionnelle. Nous ne ferons jamais les choses à la place des jeunes ; mais nous construisons avec eux leur parcours. Ils se doivent donc d’être volontaires. Si pour les plus fragiles nous sommes conciliants ; pour les impatients on constate un travail nécessaire de plus en plus important sur le savoir être. Notre monde a des règles sociales, le marché du travail a des règles professionnelles qui sont inévitables. Nos conseillers montrent que ce qu'ils imposent aux jeunes leur permet de réussir leur vie. Et nous constatons, que les « recadrages » sont de plus en plus nécessaires. Et certains jeunes ont de véritables difficultés avec l’autorité, créant des attitudes hostiles. Ils considèrent les règles comme des contraintes, alors qu’ils devraient les positiver en prenant le cadre comme une protection. La mauvaise interprétation de la contrainte, entraîne des conduites inappropriées. Certains ne perçoivent plus le bien fondé des règles.
Seules les règles assurent les libertés et les égalités des chances. Nous pourrions donc penser qu’elles peuvent également garantir la confiance. Pourtant la règle de trois fonctionne de moins en moins. Il y a un déséquilibre entre la conscience des droits et la conscience des devoirs. Le mal est parfois profond, et là nous touchons au limite de notre mission."
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