► Les prévisions de croissance pour 2010 viennent d’être légèrement relevées…
Selon l’INSEE la croissance au second trimestre s’est établie à 0,7% et non pas à 0,6% comme initialement annoncé. Ces 0,1 points supplémentaires de croissance sont la confirmation que la reprise en France est réellement robuste : notre pays devrait atteindre 1,5% de croissance sur l’année 2010, 0,1 point de plus que ce qui était prévu en août. La France conforte ainsi sa place parmi les économies les plus dynamiques de la zone euro (croissance moyenne de 1,1%) devant l’Italie (+0,9%) mais derrière l’Allemagne (+3%), qui a enregistré un bond spectaculaire de sa croissance au 2ème trimestre (+2,2%, soit plus de 3 fois la croissance trimestrielle française).
Cette bonne tendance s’explique par l’accélération des deux moteurs de la croissance que sont l’investissement et la consommation :
- Pour la première fois depuis 8 trimestres, l’investissement des entreprises est reparti à la hausse, en augmentation de 1,1%
- La consommation des ménages a progressé de 0,3%, après un premier trimestre de stagnation. Elle ne devrait d’ailleurs pas faiblir à moyen terme car le pouvoir d’achat des Français a connu une augmentation similaire à celle de la croissance au deuxième trimestre (+ 0,6%, 6 fois plus qu’au premier trimestre !)
En revanche, la balance commerciale demeure négative, avec des importations (+3,9%) qui croissent plus vite que les exportations (+2,8%), et contribue donc à amputer la croissance de 0,3%.
► … pourtant le chômage est reparti à la hausse en août…
La croissance montre des signes clairs de reprise mais il y a toujours un décalage entre la reprise économique et les embauches dans les entreprises. Et il est clair que les chiffres de l’emploi au mois d’août ne sont pas bons. Le nombre des demandeurs d'emploi dans la catégorie A a en effet augmenté de 15 900 (+0,6%). Sa progression sur un an ressort à 4,9%. Pôle Emploi s'attend à ce que le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A ait augmenté de 33 000 sur un an à 2.670.000 personnes.
Mais ces chiffres ne doivent pas nous faire oublier les 2 mois consécutifs de baisse que nous avons eus juste avant (recul de 0,5% en juillet et de 0,3% en juin). La hausse du mois d’août (+ 15 900) n’efface pas ainsi les baisses de juin et juillet (-8.600 et - 14.400 ; soit un total de – 23.000)
L’embellie sur le marché de l’emploi devrait donc être claire dès 2011 quand les effets de la croissance se feront sentir. En retenant une hypothèse de croissance très prudente à 1,5% en 2011 (contre une hypothèse à 2% pour le gouvernement) Pôle Emploi prévoit 76 000 créations nettes d'emplois salariés et 39 000 demandeurs d'emploi de moins en catégorie A.
► Comment la France peut-elle renforcer sa croissance pour réduire durablement son taux de chômage ?
L’emploi est toujours au rendez-vous de la croissance. Il faut donc tout faire pour valoriser au mieux les points forts de notre économie et renforcer nos points faibles.
1) La croissance doit capitaliser sur l’attractivité forte de notre pays
Notre pays se caractérise par la taille de son marché (le 5ème en termes de PIB à prix courants), le haut niveau de ses infrastructures et sa grande qualité de vie. De ce fait, la France se place au 3ème rang des pays d’accueil des investissements directs étrangers (IDE) en 2009, derrière les Etats-Unis et la Chine. Elle occupe aussi la 6ème place dans le monde et la 3ème place en Europe pour les coûts d'implantation des entreprises et près d’un salarié sur sept travaille dans une filiale d’un groupe étranger. Enfin, en 2009, la France est le 2ème pays européen en termes d’implantation de centres de R&D et de sièges sociaux de groupes internationaux, derrière le Royaume-Uni.
Nous devons donc poursuivre nos efforts pour dynamiser cette compétitivité notamment dans les domaines :
- de l’éducation : la dépense annuelle par élève/étudiant en France (8900 dollars) est supérieure à la moyenne de l’OCDE (8200 dollars) mais inférieure à celle des Etats-Unis ou du Japon. Mais, malgré le boost de la réforme de l’enseignement supérieur, les universités françaises demeurent insuffisamment attractives. Seules 3 universités françaises figurent parmi les 100 premières universités du classement 2010 de l’Université de Shanghai (53 pour les Etats-Unis).
- de la recherche et développement : grâce notamment au succès du crédit impôt recherche, la France se place en 2008 au 5e rang mondial pour les dépenses en R&D derrière les Etats-Unis, le Japon, la Chine et l’Allemagne. Cependant, la France a connu de 2003 à 2008 une croissance plus faible de la dépense en R&D, de l’ordre de +0,5%, que celle des Etats-Unis (+3,6%) et de l’UE à 15 (+2,9%).
- du coût du travail : les coûts salariaux ont augmenté de 20,2% en France entre 1998 à 2008 contre seulement 4,4% en Allemagne sur la même période.
- des prélèvements obligatoires : la pression fiscale française, à 42,8% du PIB en 2008, est parmi les plus élevées d’Europe (39,3% de moyenne en Europe, soit exactement le seuil où se situe l’Allemagne, contre 37,3% au Royaume-Uni ou 29,3% en Irlande, selon les données d’Eurostat pour 2008)
2) Notre grand problème en France c’est la pérennisation des PME
En France, nous avons soit des géants soit de toutes petites entreprises (30 000 PME entre 50 et 999 salariés en France contre 65 000 en Allemagne. Seules 5 000 entreprises françaises ont plus de 250 salariés. 92% des PME françaises ont moins de 10 salariés.) Par ailleurs, les PME françaises sont ainsi les moins exportatrices d’Europe (16% de leur chiffre d’affaires, contre 22% en moyenne en Europe).
Or ce sont ces entreprises qui innovent, créent de l’activité et de l’emploi (par exemple, les Entreprises de taille intermédiaire pèsent 21% de l’emploi salarié total et 30% des investissements). Il faut donc les aider à relever le défi de la croissance en allégeant l’encadrement normatif et administratif, en ouvrant l’accès au crédit, en multipliant les partenariats entre PME et grands groupes.
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