► Une nouvelle réforme est-elle indispensable ?
Notre système par répartition est au bord du gouffre. Le COR, organisme pluraliste et indépendant, estime que dès aujourd’hui, une retraite sur 10 n’est pas financée ! Le déficit atteint 32 milliards d’euros en 2010 ; 45 Mds€ en 2020 et 100 Mds€ en 2050 !
Si nous voulons sauver notre système par répartition, nous devons être lucides sur ce qui aujourd’hui le fragilise :
1) Nous avons abaissé l’âge légal de départ en retraite à 60 ans, alors que l’espérance de vie a fortement augmentée (c’est une chance, mais cela pose un réel problème d’équilibre et de financement) :
§ en 1960, un homme de 60 ans pouvait espérer vivre encore 15,7 ans et donc passer 10 ans à la retraite puisque l’âge de départ était fixé à 65 ans
§ en 2010, un homme de 60 ans peut espérer vivre 21,8 ans et donc passer près de 22 ans à la retraite puisque l’âge légal est fixé à 60 ans
§ cela veut dire que le temps passé à la retraite a doublé en 50 ans !
Source INSEE
Notre âge légal de départ est parmi les plus bas d’Europe (60 ans alors que la plupart des pays européens sont au-dessus et que la moitié des pays de l’UE ont un âge de la retraite supérieur ou égal à 65 ans !). Même si notre démographie est plutôt meilleure qu’ailleurs, ce décalage doit nous interpeller.
2) Cette forte augmentation du temps passé à la retraite, conjuguée à l’évolution démographique fait que le rapport cotisants (actifs) – retraités n’est plus financièrement tenable :
§ en 1960, il y avait 4 actifs pour 1 retraité
§ en 2010, il y a moins de 1,8 actif pour 1 retraité : en 50 ans le rapport actifs-retraités a été divisé par 2 !
§ si rien n’est fait, en 2050, il y aura à peine plus d’1 actif pour 1 retraité ! Cela veut dire que dans 40 ans, nos enfants auront financièrement à leur charge leur famille et un retraité !
3) Notre taux de remplacement est élevé, mais il présente des grandes disparités et des injustices fortes :
§ Selon l’INSEE, tout confondu (logement…), le niveau de vie des retraités est quasiment équivalent à celui des actifs. C’est une chance mais cela a un coût et pose aussi la question de la valeur du travail.
§ La vraie question c’est celles de certaines petites retraites : je pense en particulier aux agriculteurs, aux artisans, aux commerçants, aux travailleurs indépendants qui cotisent, mais qui ne bénéficient pas des mêmes droits que les salariés ou les fonctionnaires. Où est l’équité ?
§ La disparité, on la retrouve aussi entre ceux qui ont accès à un échelon de capitalisation sûr et pas les autres ! (cf PREFON)
► Le départ au-delà de 60 ans est-il inévitable ?
Ce rendez-vous des retraites s’inscrit dans un rendez-vous de vérité avec les Français. Pendant des années, les responsables politiques des Etats européens ont entretenu l’illusion que tout était gratuit, alors qu’en réalité nous vivions chaque jour un peu plus à crédit !
Or, notre système de protection sociale a un coût et si nous voulons préserver notre régime de retraite, nous devons travailler plus !
Du coup, oui, il faudra sans doute reculer l’âge légal de départ à la retraite, parce que c’est là que nous avons des marges de manoeuvre.
Rendez-vous compte : en 50 ans, la durée moyenne de retraite a doublé, elle est passée de 10 à 20 ans. Et dans le même temps, le ratio actifs-retraités a été divisé par deux d’où une impasse financière colossale !
Les autres solutions ne sont pas satisfaisantes et ne peuvent constituer en elles-mêmes des alternatives valables et solides car elles consisteraient :
§ soit augmenter les cotisations et donc toucher au pouvoir d’achat des ménages : compte tenu de notre taux de prélèvements obligatoires déjà très élevé, la marge de manoeuvre est très réduite !
Pour autant les plus hauts revenus et les revenus du capital seront mis à contribution. Ces prélèvements supplémentaires seront affectés au Fonds de solidarité vieillesse (FSV).
§ soit baisser les pensions : nos taux de remplacement sont globalement satisfaisants, mais cela cache des grandes disparités et ce sont les plus fragiles qui en seraient les premières victimes. Cela semble difficilement acceptable.
► Pourquoi ne pas se contenter d’augmenter la durée de cotisation sans toucher à l’âge légal de départ comme le propose la gauche ?
Il faut mettre fin à ce mensonge de la gauche ! Allonger la durée de cotisation en maintenant l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, c’est acter une baisse des pensions sans le dire aux Français !
Prenons un exemple simple : quand on a commencé à travailler à 20 ans, si on doit cotiser pendant 42 annuités, cela veut dire qu’on ne touchera une retraite à taux plein qu’en partant à 62 ans !
Du coup, le maintien de l’âge légal de départ à 60 ans n’est qu’un leurre qui masque en réalité une baisse des pensions. Voilà la malhonnêteté de la gauche !
A l’inverse, nous sommes dans un discours de vérité et de transparence avec les Français : l’allongement de la durée de cotisation n’a de sens que si on repousse la durée de l’âge légal.
Par ailleurs, le fait de reculer un peu l’âge légal de la retraite présente 2 avantages :
§ cela permet de changer la perception que les salariés et les entreprises ont des seniors ! Quand on vit jusqu’à près de 80 ans, à 60 ans, on n’est pas vieux ! Du coup, reculer légèrement l’âge de la retraite peut avoir un impact positif sur l’emploi des seniors qui reste une de nos faiblesses.
§ Cela a un impact financier très fort, car on gagne des années de cotisations et on économise des années de prestations à versées. Le passage de l’âge légal de la retraite de 60 à 61 ans permettrait au régime général de réaliser une économie de 2,7 milliards d’euros en 2020 et un recul à 62 ans une économie de 6,6 milliards d’euros en 2020. Ce n’est pas qu’une logique comptable, mais aussi humaine et de management.
L’équité, cela suppose aussi de tenir compte de l’espérance de vie. Parce que nous devrons travailler plus, il faut aussi que l’on puisse travailler mieux tout au long de la vie : les députés UMP se sont fortement engagés sur ce sujet (amélioration des conditions de travail, du management…)
Et une des pistes consiste notamment à anticiper la question de la pénibilité ! Plutôt que réparer la pénibilité du travail a posteriori, au moment de la retraite, traitons la pénibilité en amont, de manière préventive pendant la vie active !
Nous devons aussi étudier la piste d’une amélioration de l’épargne retraite pour les salariés et pourquoi pas pour d’autres catégories pour renforcer les régimes supplémentaires par capitalisation à l’instar de ce qui se fait dans le public avec
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