- qui sont ces jeunes mineurs ?
A la sortie de 3ème, ces jeunes ont choisi une orientation par défaut, un non-choix : là où il y avait de la place, pour ceux n’ayant pas obtenu la section qu’ils visaient, voire n’importe quelle section, pourvu qu’ils n’aient pas à quitter Thonon ; ou une mise en apprentissage mal préparée, ou encore une année de CIPPA que certains vivent négativement, sans investir les potentialités qui peuvent leur être offert. Sanchant qu'il nous faudra refléchir sur l'efficacité des CIPPA qui reste une section où l'on rassemble dans un même lieu tous les jeunes en difficulté. Une telle concentration peut-elle avoir des avantages?
Lors de leur sortie du système scolaire (par désertion, exclusion ou délitement), la première phase est vécue positivement : on retrouve le groupe de « pairs » occuper à « rouiller » et dans la mesure où ils sont en groupe, l’échec leur paraît moins violent. Lorsque nous les rencontrons, ils disent vouloir travailler et nous conseillent de ne pas s’inquiéter… Passé l’enchantement des premières semaines, une fois mesurée la réalité du monde du travail (globalement fermé pour les mineurs, qui plus est lorsqu’ils sont sans formation, et peuvent parfois avoir des difficultés de comportement) certains sollicite l’EPDA ou la Mission Locale. Pour les autres, ils sont à « l’arrêt complet », et soignent leur mal-être par la prise de psychotropes (alcool, stupéfiants) ou par la prise de risque, le passage à l’acte délictueux…
- Analyse du public
Une quarantaine de jeune est concernée sur le Chablais. 40% ont 16 ans. 60% ont 17 ans.
A 75% se sont des garçons.
A 53% ils sont de Thonon.
Tous ont une période d’errance, elle est en moyenne de 14 mois.
Ils cumulent les difficultés :
- Difficultés familiales : c’est parfois l’ensemble de la famille qui est en difficulté. Problème majeur d’une absence de représentation de l’autorité parentale.
- Incapacité à se projeter dans le temps : la notion de parcours n’existe pas pour eux
- Mal-être et souffrance psychologique
- « Phobie scolaire »
- Difficulté à évoluer en groupe
- Problème de mobilité géographique et psychologique (exacerbée par les difficultés géographiques). Structure personnelle fragile créant une incapacité à se confronter à d’autres et à l’incertitude.
Ces éléments se traduisent par :
Ø Des problèmes de comportement
Ø Non respect du cadre : le cadre n’est pas suffisamment intériorisé
Ø Problème d’enfermement psychologique
Ø Difficulté à sortir du clan, du groupe, de sa tribu avec la peur de devenir plus singulier
Ø Le jeune se met lui-même en échec
* ceux qui viennent à la Mission Locale ?
L’accompagnement Mission Locale s’appuie sur une certaine autonomie du jeune, et cela même dans le cadre du dispositif CIVIS (1 entretien hebdomadaire). Il réside plus spécifiquement pour les mineurs en général dans la construction et l’élaboration d’un projet professionnel réaliste et réalisable, intégrant dans une grande majorité des cas un volet vérification du projet (stage) et une étape formation.
Or, le public que nous visons ne peut s’intégrer dans ce processus de construction :
En effet, ce public est en rupture avec toute forme de scolarité. Il ne présente ni l’autonomie nécessaire ni une capacité de projection à long terme suffisante. Sa demande est en majorité une demande d’emploi directe correspond pour le jeune à une situation d’urgence souvent financière (projection à court terme). En réponse à cette demande la plue value de l’accompagnement Mission Locale est très limitée pour ce public puisque ce sont les réalités professionnelles qui constituent le principal frein : réglementation du travail, absence d’expérience et de savoir être répondant aux exigences du monde professionnel. Ces freins s’accentuent avec le petit niveau scolaire qui réduit souvent les capacités d’adaptation des jeunes.
Par conséquent, la construction d’un projet réaliste devient alors impossible et l’accompagnement ne peu aboutir. Maintenir le jeune dans cet unique accompagnement mène en règle général à l’échec et à la désillusion.
Donc nos solutions institutionnelles ne sont pas les solutions aux problèmes de ces mineurs qui ont décroché.
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