Nous avons examiné ce matin le projet CEVA et son protocol financier. Porte parole UMP sur ce sujet, en tant que membre de la commission transport, j'ai défendu les intérêts des Haut-savoyards. Autre sujets de combat, annexés au débat sur le CEVA: la ligne du Tonkin et le shunt d'Etrembières.
MON INTERVENTION EN SEANCE PLENIERE
Monsieur le Président,
Le CEVA est un projet ferré de 16 km, dont 1,9 km côté français.
Ce projet concerne un bassin de vie, dont la population sera de 1 100 000 habitants en 2020. Il entre dans le cadre d’une mobilité accrue dans cette zone : aujourd’hui, 500 000 véhicules jour passent les frontières franco-Suisse. Plus de 50 000 frontaliers travaillent sur Genève. Et seulement 3% d’entre eux prennent les TER. Cette mobilité va augmenter de 30 à 50% à l’horizon 2020. L’enjeu est donc considérable. Si nous voulons que les travailleurs prennent les transports en commun, il faut que l’offre de transport soit adaptée à leur besoin, au niveau des horaires, la fréquence, le matériel roulant, et les infrastructures. Les études estiment à 30 000 le nombre de voyageurs qui prendront le CEVA aux heures de pointe, sur le tronçon le plus fréquenté. Le Ceva est là pour répondre à cette large problématique des transports qui concerne Genève, Annemasse, mais pas seulement. Car le CEVA n’est pas un projet Annemassien. Il doit être plus que cela. Le Chablais, et la Vallée de l’Arve espèrent beaucoup de cette liaison.
Ce projet va permettre d’accroître l’offre ferroviaire. Liaison grandes lignes. Liaisons TER. On parle ici d’un vrai projet de RER. Avec des temps de parcours qui vont diminuer. 11 minutes pour faire Cornavin-Eaux Vives et 7 minutes pour faire Eaux Vives-Annemasse. Avec des cadencements importants. Un train toutes les 30 minutes à la mise en service en direction du Chablais, de la Vallée de l’Arve ; et toutes les 15 minutes en fonction de la demande. Un cadencement vers les trains Grandes Lignes toutes les 60 minutes à la mise en service, et toutes les 30 minutes en fonction de la demande.
C’est un outil essentiel pour structurer le développement urbain. Il va permettre d’absorber l’augmentation du trafic qui est inévitable. C’est la garantie d’une protection de l’environnement et du développement durable. Le projet est axé aux interfaces de transport : aéroport International de Genève ; Trains grandes lignes ; réseau bus ; parking relais…
Il va structurer le développement urbain : maîtrise du développement côté français ; déverrouillage de la construction du Bassin Transfrontalier ; installation de nouvelles activités économiques côté français avec le soutien du Canton de Genève qui n’a plus un mètre carré de disponible. Ce sont les effets inéluctables du CEVA.
Le CEVA, c’est une véritable coopération avec la France. Cette coopération est opérationnelle depuis novembre 2002. CEVA c’est aussi un travail commun des élus français et suisses, avec une préoccupation française qui est d’assurer la continuité de l’infrastructure sur notre territoire.
Aujourd’hui, nous ne pouvons que nous satisfaire de l’arrivée d’une telle délibération dans notre hémicycle. Je dirais, même, enfin !
Mais cette joie d’un aboutissement, qui n’en est pas véritablement un, car il y a encore beaucoup à faire, et quelque peu gâchée par certaines désillusions.
- Je fais partie de ces humbles élus locaux qui osaient imaginer que tous, quelques soient nos collectivités, nos appartenances politiques, nos ambitions personnelles, nous serions capables de travailler ensemble pour une grand projet avec pour seule finalité l’intérêt collectif. Malheureusement, ceci n’a pas été le cas. On se rend bien compte que dans ce dossier il y a eu un « Triumvirat », le Président de la Région, le Maire d’Annemasse et le Conseiller d’Etat Suisse Cramer, qui ont avancé ensemble défendant ce projet, comme si c’était le leur, comme ci c’était uniquement pour leur collectivité respective, comme si c’était leur réussite personnelle qui était en jeu.
L’élaboration de ce projet a été kidnappé, c’est bien peu conforme à votre concept de démocratie participative ! Et j’estime, que nous avons perdu beaucoup de temps à cause de cela.
Et de fait, nous pouvons constater qu’il y a eu un manque certain de véritable coopération, de travail en commun avec les autres collectivités impliquées dans ce dossier. Et ceci est flagrant depuis quelques semaines, lorsque nous lisons la presse. En effet, on peut lire ici où là que le CEVA c’est un projet de la Région, du Maire d’Annemasse et de Mr Cramer. Mais il n’en est rien. Dans la communication terriblement efficace que vous avez mis en place, vous avez tout fait pour rayer la participation du Conseil Général de la Haute-Savoie, qui a voté tout de même une participation de 30 millions d’euros il y a un mois.
Le CEVA ce n’est pas votre projet ! Le CEVA c’est notre projet. Notre projet à tous !
Autre désillusion : le financement.
Le montant estimé du programme des travaux d’aménagement s’élève à 126 millions d’euros. Mais cette évaluation fait référence aux conditions économiques du début de l’année 2005 et nous savons que ce projet arrivera à son terme, au mieux en 2012, et il est fort probable compte tenu des études techniques sommaires que nous avons actuellement, qu’il y aura un surcoût.
L’Etat annonce une participation forfaitaire de 28,7 millions d’euros.
Pour les autres partenaires, on évoque dans la convention, une participation évolutive.
Quid de ces participations évolutives ? Quel sera l’engagement de la Région ?
Autre détail qui interpelle, les chiffres annoncés dans votre délibération.
Je sais que des montants devaient être affichés rapidement pour pouvoir lancer au plus vite les études d’APS. Mais une mise à jour de votre délibération aurait pu être faite, en intégrant par exemple le nouveau montant de l’engagement du département de la Haute-Savoie. Je m’étonne aussi que la 2C2A puisse passer en deux mois de 13 millions, à 10 millions il y a un mois, et à 9 millions aujourd’hui dans cette délibération. Là la mise à jour a été faite rapidement ! Ensuite je rappelle que le CEVA est aussi un énorme projet d’aménagement du centre ville d’Annemasse, et de ce fait je ne vois pas pourquoi la participation financière de la 2C2A n’est pas à la hauteur de l’enjeu pour cette agglomération. Là aussi, il y a un manque de transparence évident dans la fixation des participations financières des uns et des autres.
Lors des débats sur les amendements dans un instant nous aborderons diverses autres questions importantes. Celle des études d’impact du CEVA. Celle des études d’impact sur le futur fonctionnement et financement des TER.
Des questions qui sont loin d’être annexes……
Le temps de parole qui m’est accordé étant limité, je profiterais des amendements pour parler du Tonkin, mais aussi un sujet qui me tient à cœur le shunt d’Etrembières.
Merci d’avoir écouté une élue du Chablais, qui j’espère, aura su convaincre que le CEVA est un vrai projet pour un territoire plus large que la seule communauté d’Annemasse, je ne pense pas que c’est Roger VIOUD qui me contredira, lui qui a été victime de ce fameux état d’esprit bien restreint du premier édile d’Annemasse.
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