Roger BUQUIN né le 30 juin 1923 à Paris, de nationalité française et religion catholique.

  • Fils aîné d’une famille de cinq enfants dont le père est ingénieur de l’Aéronautique civile et la mère est au foyer, il est élevé dans le respect de valeurs traditionnelles fondées sur le patriotisme, la foi en les destinées de la patrie et le dévouement à son service. Aussi est-il particulièrement sensibilisé par les sacrifices des anciens de 14-18 et en admiration devant son père qui a eu le courage de s’engager volontairement en 1916 (à 18 ans) pour combattre dans la Somme où il sera d’ailleurs blessé, alors que son propre père est déjà mobilisé comme médecin major et tandis qu’un de ses oncles sera tué au champ d’honneur le 27 mai 1917. Sa jeunesse sera aussi imprégnée d’un sens développé du civisme car elle s’écoule en grande partie chez son grand-père, médecin, sénateur, maire de La Flèche et vice-président du Conseil général de la Sarthe (Radical /Edouard Herriot), en raison de l’éloignement de ses parents résidant en Egypte où son père est provisoirement affecté.

  • Au plan scolaire, il suit des études secondaires que sa famille souhaiterait le conduire à s’orienter vers l’ingénierie mais, pour sa part, il est plutôt attiré par la carrière des armes (Saint-Cyr).

  • En septembre 1939, à la déclaration de la guerre, il a 16 ans et entre en classe de 1ère. Suivant l‘exemple paternel, il se promet déjà de se porter volontaire au combat dés l’âge de 18 ans si la France est toujours en danger.

Son père est mobilisé et dirigé sur le Liban où il est incorporé dans l’Armée de l’Air comme pilote d’avion de liaison.

  • En juin 1940, il est atterré par le désastre militaire et politique sans précédent qui entraîne l’effondrement de la France. L’asservissement de son pays lui paraît inconcevable. Ayant appris qu’un général français, à Londres, avait décidé de rassembler des volontaires pour continuer la guerre contre l’Allemagne, il est décidé à tout faire pour parvenir à les rallier.

  • Le 1er juillet 1940, il se trouve au Caire et rejoint le tout nouveau bureau local du « Comité National de la France Libre » pour signer son engagement volontaire dans les Forces Françaises Libres (FFL) du général de Gaulle. Il est alors incorporé dans un camp proche des Pyramides de Guizeh où il reçoit un équipement de soldat anglais puis, quelques jours plus tard, il est dirigé sur un camp situé non loin du canal de Suez où sont rassemblés les premiers soldats « Français Libres » du Moyen Orient. A cette époque on y compte environ 400 militaires évadés de Chypre ou du Liban et de Syrie (territoires sous mandat français demeurés aux ordres de Vichy) ainsi que quelques jeunes français d’Egypte engagés volontaires, l’ensemble constituant alors le noyau du 1er Bataillon d’Infanterie de Marine (1er BIM) des FFL.

  • Cependant, devant l’afflux de garçons beaucoup trop jeunes ayant rejoint les FFL en Angleterre , le général de Gaulle, dés fin juillet 1940, fait rappeler aux responsables de recrutement que l’âge minimum légal d’engagement dans l’armée de terre est de 18 ans et il prescrit de remettre en milieu scolaire tous ceux qui n’ont pas l’âge requis : la règle est évidemment aussitôt appliquée en Egypte.

  • En septembre 1940 il est donc envoyé au lycée français d’Alexandrie pour l’année scolaire 1940-1941, en classe de « mathématiques élémentaires » (ceux qui choisissent la filière littéraire dite « philosophie » vont au lycée du Caire). Il doit surmonter sa déception et c’est d’autant moins facile qu’il n’attire que relativement peu de sympathie de la part de certains de ses professeurs et camarades restés fidèles à la représentation officielle (Vichyste) de la France dans ce pays calme , ensoleillé, sans privation malgré la guerre et où l’on peut par conséquent mener une existence vraiment paisible (sur 17 élèves français de cette classe de math-élem, ils ne seront que 2 à s’engager dans les FFL dés 18 ans) .

Il obtient tout de même son baccalauréat « 2ème partie » en juillet 1941.

  • Le 13 octobre 1941, (18 ans révolus), il renouvelle son engagement militaire pour rejoindre la 1ère Brigade Française Libre qui combat en Libye. Il est affecté comme secrétaire et opérateur radio à l’état-major de la Brigade et il se trouve à Bir-Hakeim lorsqu’en mai 1942 il est blessé en service commandé et est évacué sur les hôpitaux militaires britanniques de Tobrouk (Libye) puis Héliopolis (Egypte).

  • A l’automne 1942, peu après les combats victorieux d’El-Alamein (Egypte) qui marqueront le début de la retraite ininterrompue de l’ennemi germano-italien jusqu’en Tunisie, il est désigné pour se présenter à l’examen probatoire d’admission en école de formation d’officiers, à Beyrouth au Liban(*).Admis, il suit les cours d’un peloton d’élèves officiers comportant une formation technique dispensée à l’école d’ingénieurs de Beyrouth et choisit l’arme des Transmissions après sa réussite à l’examen de sortie.

 

  • Promu officier d’Active le 1er juillet 1943, (il a juste 20 ans), il devrait normalement rejoindre son unité d’origine qu’est la 1ère Division Française Libre. Cependant, celle-ci s’est maintenant considérablement éloignée du Moyen-Orient puisqu’elle a atteint la Tunisie où ses pertes subies en Libye ont été compensées par des renforts provenant de l’armée d’Afrique du Nord libérée par les anglo-américains en novembre 1942. En revanche , les forces armées stationnées au Levant sont exsangues car elles ont perdu une partie importante de cadres envoyés en renfort en Libye en 1941-42 et il est maintenant impératif de reconstituer un encadrement sur ces territoires représentant un atout stratégique vital pour le général de Gaulle, d’autant plus que la sécurité intérieure y est menacée par de sérieux troubles provoqués par des nationalistes pressés d’obtenir une indépendance promise par le général de Gaulle pour le lendemain de la fin de la guerre.

  • C’est donc en proie à une grande déception (la probabilité d’un débarquement en Europe prélude de la Victoire commence à apparaître) qu’il se voit affecté au Service des Transmissions des FFL du Levant ayant la lourde charge d’exploiter, entretenir et gérer l’ensemble des réseaux radios et téléphoniques urbains et interurbains, civils et militaires, équipant le Liban et la Syrie.

Il est alors nommé successivement adjoint aux Commandants des Transmissions des Secteurs Nord- Syrie (Alep) en juillet 1944, puis Sud-Syrie (Damas) en janvier 1944 et enfin Commandant des Transmissions du Secteur Est-Syrie (Deir-Ez-Zor) en janvier 1945 où sa mission d’assurer coûte que coûte la permanence des liaisons de commandement de l’armée le conduit à participer à plusieurs opérations de maintien de l’ordre face aux émeutes soulevées par les indépendantistes.

C’est suite à une série de ces opérations que sur proposition du Ministre de la Guerre, le général de Gaulle Président du Gouvernement Provisoire de la République Française, Chef des Armées, cite A L’ORDRE DE L’ARMEE  BUQUIN, Roger, Marie, René, S/Lieutenant Chef du Service des Transmissions de la Région Territoriale de l’EST-SYRIEN :

« Les fils téléphoniques ayant été coupés par les émeutiers s’est employé sans arrêt à rétablir les communications principales malgré le feu violent auquel il était soumis. A eu son adjoint tué à ses côtés. Calme et décidé, il a été pour tous un modèle de bravoure, de sang-froid et de dévouement. »

Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre avec Palme.

  • Il retrouve la France en juillet 1945.


(*) Le Liban et la Syrie ont été conquis par les Forces Britanniques et Françaises Libres en Juillet 1941 pour parer au danger avéré de voir s’installer l’aviation allemande sur ces territoires, avec l’aval de Vichy.