Sitôt arrivés au pouvoir en janvier 1933, Adolf Hitler et les nazis
créent les premiers camps de concentration en Allemagne. Dachau est
ainsi ouvert le 21 mars 1933. Y sont internés les opposants au régime,
les "asociaux", tous ceux qui n'entrent pas dans les normes nationalsocialistes.
Avec l'expansion allemande en Europe puis la Seconde
Guerre mondiale, le système concentrationnaire prend une autre
dimension. À partir de 1941, il s'intègre en outre dans la mise en place
de la "solution finale de la question juive". Les camps se multiplient,
y compris dans les territoires annexés ou occupés : Mauthausen en
Autriche, Auschwitz en Pologne, Natzweiler (Struthof) en France…
Le nombre des déportés de France dans les camps de concentration ou
d'extermination nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale est
estimé à plus de 150 000 personnes, dont 80 000 victimes de mesures
de répression (principalement des politiques et des résistants) et
75 000 juifs, victimes de mesures de persécution touchant également
les Tsiganes. Au total, disparaissent plus de 100 000 déportés partis de
France.
Avec la libération des camps puis le retour des premiers survivants, le
monde entier mesure l’ampleur de la déportation et de son horreur.
Un besoin de préserver la mémoire de la déportation…
Pour maintenir présent le souvenir de leurs camarades morts en
déportation, les associations de déportés créent des lieux de mémoire,
comme, à Paris, le monument du souvenir de la synagogue de la rue de
la Victoire (inauguré le 27 février 1949) ou la chapelle des déportés, en
l'église Saint-Roch (inaugurée le 21 novembre 1953), autour desquels
elles organisent des commémorations spécifiques. D'autre part, des
délégations d'anciens déportés sont présentes aux côtés des anciens
combattants dans les cérémonies officielles commémorant les
Première et Seconde Guerres mondiales.
Dès le début des années cinquante, les anciens déportés et les familles
de disparus expriment le souhait de voir inscrite dans le calendrier une
date réservée au souvenir de la déportation. Le choix du dernier
dimanche d’avril est retenu, en raison de la proximité avec
l’anniversaire de la libération de la plupart des camps, sans se
confondre avec aucune fête ou célébration, nationale ou religieuse,
existante.
… reconnu par la loi
La loi n° 54-415 du 14 avril 1954, consacrant le dernier dimanche
d'avril au souvenir des victimes de la déportation et morts dans les
camps de concentration du IIIe Reich au cours de la guerre 1939-1945,
adoptée à l'unanimité par le Parlement, fait de ce dimanche une journée
de célébration nationale :
"Article 1er : La République française célèbre annuellement, le dernier
dimanche d'avril, la commémoration des héros, victimes de la
déportation dans les camps de concentration au cours de la guerre
1939-1945.
Article 2 : Le dernier dimanche d'avril devient "Journée nationale du
souvenir des victimes et des héros de la déportation". Des cérémonies
officielles évoqueront le souvenir des souffrances et des tortures subies
par les déportés dans les camps de concentration et rendront hommage
au courage et à l'héroïsme de ceux et de celles qui en furent les
victimes."
Pour ses initiateurs, la journée nationale de la déportation répond à
deux exigences.
Tout d'abord, elle rappelle à tous ce drame historique majeur comme
les leçons qui s’en dégagent. Selon les termes de l’exposé des motifs
de la loi, pour que de tels faits ne se reproduisent plus, "il importe de
ne pas laisser sombrer dans l’oubli les souvenirs et les enseignements
d’une telle expérience, ni l’atroce et scientifique anéantissement de
millions d’innocents, ni les gestes héroïques d’un grand nombre parmi
cette masse humaine soumise aux tortures de la faim, du froid, de la
vermine, de travaux épuisants et de sadiques représailles, non plus que
la cruauté réfléchie des bourreaux."
En second lieu, par cette célébration, la nation honore la mémoire de
tous les déportés – y compris ceux victimes des déportations en
Indochine du fait de l'impérialisme japonais –, survivants ou disparus,
pour rendre hommage à leur sacrifice.
Une commémoration qui se déroule sur tout le territoire. A Thonon, les cérémonies avaient lieu ce dimanche. Après une messe en la Basilique St François, une cérémonie s'est déroulée devant l'arbre de la déportation sur le belvédère.