Depuis
des semaines, le gouvernement de François Hollande nous expliquait qu'il n'y
avait pas de problème majeur dans l'application des nouveaux rythmes scolaires.
A l'entendre, seule une droite cynique pouvait oser s'interroger sur la mise en
place de cette réforme au risque de « prendre
en otage les enfants »… Plutôt que de se déjuger, le gouvernement
préférait rester sourd à l'expression des inquiétudes des maires, des parents,
des directeurs d'établissements, des syndicats d'enseignants.
Et pourtant, voilà que
Jean-Marc Ayrault, du bout des lèvres, vient de donner raison à l’opposition.
Le financement n'était pas un problème ? Voilà qu'il a concédé qu'il faudrait
reconduire en 2014 le fonds d'amorçage qui finance une part de la réforme pour
toutes les communes. Il a annoncé aussi la création d'un groupe de travail sur
le coût de la réforme. L'organisation n'était pas un problème ? Le Premier
ministre concéde qu'il fallait mener une
réflexion sur les taux d'encadrement des activités périscolaires, laisser plus
de temps aux maires pour préparer les projets éducatifs et que les maternelles
méritaient un traitement spécifique.
Etait-ce nécessaire d'insulter l'opposition pour finir par se rallier à son
constat ? Qui a fait preuve de cynisme dans cette histoire ? C'est bien la prise de position ferme
de certains élus de droite qui a fait bouger les lignes et permis de sortir en
partie le gouvernement de son déni de réalité.
Mais si ces avancées
sont encourageantes, elles demeurent insuffisantes : le
financement annoncé est toujours en deçà du coût réel de la réforme. Au mieux,
en 2014, une commune pourra toucher près de 150 € par élève et par an. Cela
sera largement inférieur aux besoins dans de nombreuses communes qu'elles
soient grandes, comme Grenoble, Caen, Bordeaux, ou petites comme Crillon, dans
l'Oise, qui a dû renoncer à l'application de la réforme dès 2013 et Janvry,
dans l'Essonne, qui se dit dans l'incapacité de l'appliquer en 2014. Et comment
feront toutes les communes de France alors qu'aucun financement n'est certain
au-delà de la rentrée 2014 ? Devront-elles faire payer une « taxe Peillon » à
tous leurs administrés déjà écrasés par le matraquage fiscal national ?
Le gouvernement doit aller
beaucoup plus loin pour assurer un financement pérenne de sa
réforme et faire preuve de plus de souplesse dans sa mise en œuvre qui est un
casse-tête à la charge des élus locaux qui doivent aussi assumer la colère des
parents d’élèves, des enseignants…. Mais
nous ne sommes en fait que des pompiers dans cette histoire. L’Etat abandonne
des heures d’éducation pour faire des économies, et à charge aux élus locaux de
gérer tout cela.
Les conseils d’école s’annonce chaud, mais le congrès des maires aussi.
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