Les Missions Locales sont des acteurs et non des agents
Il y a quelques semaines, le président de l’Association des Régions de France, Alain Rousset, mettait le feu en déclarant devant la Mission d’information sur Pole Emploi à l’Assemblée Nationale que le pilotage des Missions Locales pourrait être assurée par les Régions. Pire, il déclare « Il y a c’est vrai, une inquiétude d’avoir un chef…. L’enjeu du chômage dépasse quand même les petits égoïsmes…. »
Les élus des Missions Locales, nous connaissons la position d’Alain Rousset qui plaide depuis des années pour que les régions aient la pleine compétence de la formation professionnelle, de l’orientation et de l’emploi. Il rêve d’un grand service public régional. Pire, il imagine qu’avoir la compétence, veut dire gérer comme une chefferie le réseau. Alors, nous lui disons qu’il faut comprendre qu’une loi de décentralisation n’est pas une loi de régionalisation ! Il y a un président par Mission Locale, un président au niveau régional, et un au niveau national. Les Missions Locales bénéficient d’une animation régionale, assurée par une association régionale, avec à sa tête des élus locaux de terrain, qui représentent toute la diversité de nos régions. On ne peut pas faire plus décentralisé que nous !
Notre organisation part du terrain. Cela fait partie de notre identité. Nous sommes des structures territorialisées pour les jeunes, qui relaient les dispositifs de tous les niveaux de collectivités. Nous travaillons pour et avec l’ensemble de nos financeurs, qui sont pour un tiers l’Etat, un tiers la Région et un tiers les collectivités locales. Les Missions Locales ont vocation à coordonner, à adapter et à mettre en cohérence les politiques de chacun de nos financeurs. Pour l’Etat, en matière d’emploi, d’insertion dans le logement, d’accès à la santé, de justice. Pour les Régions, en matière de formation professionnelle, d’aménagement et de développement des territoires. Pour les Départements chefs de file des politiques d'insertion sociale, de protection de l’enfance et d’aide à la mobilité. Et enfin pour les communes et les intercommunalités en matière d’emploi, de développement économique, d’action sociale de proximité et de logement.
Notre modèle de fonctionnement est efficace, car il répond à des problématiques particulières à un territoire qui ne concernent pas l’ensemble des jeunes d’une région. L’investissement des élus locaux dans ces structures permet de créer, d’inventer des solutions adéquates particulières. L’efficacité de l’action des Missions Locales repose sur une forte implication au sein de leurs conseils d’administration des représentants des communes, des services de l’État, des Régions, des Départements, des EPCI, des organismes publics, des entreprises et des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Ce qui n’est pas le cas dans un grand service public. Enfin, la petite taille de nos structures permet une souplesse, et une réactivité inégalable à n’importe quel autre grand service régional ou national. Gare à cette fausse bonne idée, car à vouloir supprimer le caractère associatif, l’accompagnement des jeunes risque de devenir un service du conseil régional. Nous ne sommes pas que de bons petits soldats prescripteurs, nous sommes aussi et surtout une force de proposition locale, pour des problèmes locaux. En clair, nous ne voulons pas être agents des régions ! Et nous ne défendons pas ici nos « petits égoïsmes » comme aime à le dire Alain Rousset, qui oublie que notre investissement est bénévole, puisque les Missions Locales sont des associations Loi 1901. Nous défendons simplement un modèle d’organisation politique qui part du terrain et qui défend les jeunes de nos territoires.
Nous avons tout de même un espoir. Il y a 10 jours, le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault qui a senti le vent du boulet, a assuré devant le Conseil National des Missions Locales « qu’il n’est pas question pour le gouvernement de 'décentraliser' les Missions Locales ». Et il a trouvé lui-même le meilleur argument, je cite « elles sont largement financées par les Collectivités territoriales ". Restons tout de même prudents, car demain il n’est pas impossible que l’idée d’une création d’un grand service régional ressurgisse, même si il doit être cofinancé par les communes et les intercommunalités. Cette hypothèse reste une réalité dans le cadre de la nouvelle loi de décentralisation (si elle aboutit, ce qui, vu les derniers développements).
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