« Selon une étude Ipsos, fin 2011, sur les Pays de Savoie :
- 45% des jeunes se disent heureux (contre 39% en France). Les raisons sont multiples :
chômage moins élevé, revenus plus élevés et cadre de vie préservé.
- 62% estiment que si on travaille dur, on finit toujours par réussir.
- 56% pensent qu’ils vivront moins bien que leurs parents.
- 86% sont confiants dans leur avenir.
- 50% envisagent de rester durablement dans notre Région.
Je tenais, à l’occasion de ce bilan annuel, à partager ces chiffres. Certes, ils sont rassurants, mais ils ne doivent pas nous faire oublier que si la jeunesse a foi en ses propres capacités, elle exprime tout de même un pessimisme très marqué à l’égard de l’avenir de notre société. Pour eux l’ascenseur social, au cœur du pacte républicain, connait des ratés. Mais pire encore, 21% seulement d’entre eux ont le sentiment que la société française a une bonne image de sa jeunesse.
Il nous faut réenchanter la jeunesse.
Les jeunes ne demandent qu’une chose : qu’on leur fasse confiance, qu’on leur donne les moyens de se réaliser. Le dernier service à leur rendre, c’est de les enfermer dans la dépendance vis-à-vis de l’adulte. Plutôt que de leur réserver des emplois bouche-trou, qui sont de faux emplois ; je préfère qu’on les prépare à de vrais métiers, via la formation, l’alternance. Les emplois aidés doivent accompagner une insertion vers de vrais emplois. Voilà ce qui doit animer chacun de nous, responsables politiques, et partenaires sociaux.
Cette préoccupation est la nôtre à la Mission Locale du Chablais. Elle est également la mienne depuis près de 10 ans que je suis dans cette structure. Notre objectif principal est de promouvoir l’emploi des jeunes. Ces deux dernières années nous avons augmenté de 2% le nombre de contrats en alternance. Mais cela reste insuffisant, car dans le Chablais, l’alternance c’est seulement 10% des jeunes. Nous voudrions faire plus. Mais nous ne pouvons le faire sans ceux qui embauchent, les entreprises et les collectivités.
Nous sommes tous d’accord sur les enjeux : la formation, et l’emploi.
Mais n’oublions pas la confiance, qui est au bout du compte la sève de toutes bonnes politiques de la
jeunesse.
Le chômage des jeunes est le mal français.
Depuis les années 70, les plans se succèdent mais le problème demeure. Tout a commencé par le
« pacte pour l’emploi des jeunes » de Raymond Barre en 1977, puis il y a eu les TUC de Laurent Fabius en 1984, les CES, les CIP d’Édouard Balladur en 1993 et les Emplois Jeunes de Lionel Jospin en 1997. Une armada de contrats qui n’a pas empêché le taux de chômage des jeunes de se maintenir depuis trente ans, entre 16% et 25% au gré de l’évolution de la courbe de croissance. Un bilan peu flatteur pour tous les responsables politiques qui se sont succédés car pour seule réponse ils ont tous donné de l’aspirine qui ne peut soigner ce cancer social qu’est le chômage des jeunes.
Parfois les politiques sont même extrêmement maladroites, car elles stigmatisent les jeunes en les enfermant dans des formes de sous-emploi avec des sous-contrats.
Il faut être lucide. Le problème du chômage des jeunes est un problème de fond, avec des causes
structurelles.
Au premier rang desquelles il y a l’échec scolaire, et une orientation défaillante qui exclue plus qu’elle ne promeut l’enfant. Il est temps de mettre un terme à cette hypocrisie qui veut
nous faire croire que tous les collégiens sont uniques, et peuvent bénéficier
du même socle d’enseignement.
Comme cause, il y a aussi la qualification professionnelle et notre système de formation (qualifiante,
diplômante…) qui ne répond pas au besoin des entreprises qui proposent les emplois.
Nous croyons fortement en l’alternance. Malheureusement cette voie n’est pas aussi développée qu’elle pourrait l’être.
Enfin, autre problème structurel, le marché du travail qui n’est pas très accueillant pour les jeunes. Aujourd’hui nous avons d’un côté les bénéficiaires d’un CDI avec la protection du code du travail, et de l’autre nous avons les jeunes qui doivent supporter tout le poids de la flexibilité et de la précarité de l’emploi. Par principe, en France, un jeune souffre d’un déni de compétence, c’est le constat
que l’on fait.
Au bout du compte, on a beau nous proposer des plans, ou des contrats aidés pour les jeunes, tant que la société française ne voudra pas enterrer ses blocages culturels, on devra continuer à vivre avec un chômage des jeunes important.
Voilà les questions de fond qui nous semblent être importantes à aborder aujourd’hui.
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