Mais quand même syndicats et opposition dénoncent un gouvernement fermé au dialogue et sourd aux revendications ?
La difficulté, c’est que tant que nous ne cèderons pas sur le fait de repousser l’âge légal de départ, nous serons accusés de refuser le dialogue.
Il faut rappeler que le dialogue a largement eu lieu et que cela a même permis des avancées majeures :
1) concernant la prise en compte de la pénibilité :
- Le dispositif prévoyait à l’origine un départ anticipé pour les assurés souffrant d'au moins 20% d'incapacité (soit 10 000 personnes par an). Nous allons l’étendre en abaissant le seuil de handicap à 10% : cela va multiplier par 3 le nombre de bénéficiaires ! Et à ceux qui disent que cela n’est pas suffisant, je veux juste rappeler que la prise en compte de la pénibilité pour la retraite est unique au monde !
- Une commission d’experts se prononcera sur leur cas sur des critères non exclusivement médicaux : l'incapacité devra résulter de l'«usure au travail».
- Et parce que l’essentiel c’est de prévenir la pénibilité plutôt que d’attendre la retraite pour en parler, les entreprises auront l'obligation de négocier des accords sur la prévention de la pénibilité, sous peine d'une sanction égale à 1 % de leur masse salariale.
2) pour les fonctionnaires mères de trois enfants
- C'est un geste en direction des enseignantes et des infirmières, principales bénéficiaires des possibilités actuelles de départs anticipés pour les fonctionnaires mères de 3 enfants ayant effectué au moins 15 ans de service. Jusqu'ici, le gouvernement prévoyait de supprimer ce dispositif au 1er janvier 2012 mais les syndicats dénonçaient la vitesse de la réforme.
- Nicolas Sarkozy a annoncé que le dispositif resterait ouvert « pour tous les agents qui sont à 5 ans de l'âge de la retraite ».
3) pour les polypensionnés :
- Actuellement, il faut avoir travaillé au moins 15 ans dans la fonction publique pour acquérir des droits dans le régime de retraite des fonctionnaires. En dessous de cette durée, les droits sont transférés au régime général, ce qui oblige parfois l'assuré à débourser plusieurs milliers d'euros pour tenir compte de la différence du taux de cotisation.
- Cette durée de service sera abaissée à deux ans. En contrepartie, les périodes effectuées dans la fonction publique par les contractuels ne seront plus prises en compte.
4) pour les carrières longues :
- Le projet de loi élargit l'accès au départ anticipé au titre des carrières longues aux salariés qui ont commencé à travailler à 17 ans (contre 16 ans auparavant), à condition d'avoir suffisamment cotisé.
- Mais le relèvement de l'âge légal risquait de modifier brutalement les conditions de départ pour certains d'entre eux. La génération née en 1953, par exemple, n'aurait pu partir qu'à 59 ans, au lieu de 58 ans avec la réglementation actuelle, soit un bond d'1 an, supérieur aux 4 mois de travail supplémentaires demandés aux autres assurés. Le dispositif sera lissé pour éviter ce décalage. Cela coûtera 350 millions € sur 7 ans.
5) pour certaines mères de famille et les parents d'enfants handicapés : ils pourront continuer à partir à 65 ans sans décote même s'ils n’ont pas tous leurs trimestres.
- Aujourd’hui, faute d'avoir validé un nombre de trimestres suffisants, 21 % des femmes attendent 65 ans pour liquider leur retraite, contre 13 % des hommes. D'où l'idée que le recul de cette borne à 67 ans pénalise essentiellement les femmes.
- Cette mesure de justice s’adresse à tous les parents de 3 enfants et plus, nés entre le 1er juillet 1951 et le 31 décembre 1955 inclus, qui ont cessé le travail au moins 1 an dans les 3 ans suivant la naissance de l’un de ces enfants. Soit, environ 130 000 mères et aucun père ! Cette mesure a été conçue pour être de fait réservée aux femmes, tout en étant rédigée de manière à éviter une sanction européenne pour discrimination envers les hommes.
- Enfin, l'âge d'annulation de la décote restera fixé à 65 ans, au lieu de 67, pour les parents d'enfant handicapé, père et mère. «L'arrivée d'un enfant handicapé s'accompagne d'un impact durable sur la vie des parents, et notamment sur leur vie professionnelle», a justifié le gouvernement. Cet aménagement sera permanent. Il concernera quelques milliers de personnes.
► Mais pourquoi refuser d’envisager une autre solution que le report de l’âge légal ?
Ce n’est pas du dogmatisme de notre part, mais simplement du pragmatisme. Le report de l’âge légal de départ est la seule solution efficace. Tous nos voisins l’ont fait, ce n’est pas un hasard !
Pour sauver notre régime de retraite par répartition, nous devons avoir le courage d’aller au bout de cette réforme. Rappelons que selon le COR, dès aujourd’hui, 1 retraite sur 10 n’est pas financée ! Et demain, en 2030, si rien n’est fait ce sera 1 sur 6 !
Et le déficit atteint 32 milliards d’euros en 2010 et sans réforme, ce sera 45 Mds€ en 2020 et 100 Mds€ en 2050 !
En 50 ans, le temps passé à la retraite a été multiplié par 2 et le rapport actifs-retraités a été divisé par 2 !
On passe toujours plus de temps à la retraite :
- en 1960, un homme de 60 ans pouvait espérer vivre encore 15,7 ans et donc passer 10 ans à la retraite puisque l’âge de départ était fixé à 65 ans
- en 2010, un homme de 60 ans peut espérer vivre 21,8 ans et donc passer près de 22 ans à la retraite puisque l’âge légal est fixé à 60 ans
- en 50 ans, le temps passé à la retraite a doublé
Il y a de moins en moins d’actifs pour les financer !
- en 1960, il y avait 4 actifs pour 1 retraité
- en 2010, il y a moins de 1,8 actif pour 1 retraité : en 50 ans le rapport actifs-retraités a été divisé par 2 !
- si rien n’est fait, en 2050, il y aura à peine plus d’1 actif pour 1 retraité !
Et de ce point de vue, il faut dire que le PS ment aux Français en faisant croire qu’une autre solution est possible pour sauver les retraites :
1) Allonger la durée de cotisation en maintenant l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, c’est orchestrer une baisse des pensions dans le dos des Français !
- Prenons un exemple simple : quand on a commencé à travailler à 20 ans, si on doit cotiser pendant 41 annuités (comme c’est le cas aujourd’hui), cela veut dire qu’on ne pourra toucher une retraite à taux plein qu’en partant à 61 ans ! Du coup, le maintien de l’âge légal de départ à 60 ans n’est qu’un leurre qui masque en réalité soit une baisse des pensions, soit un allongement déguisé de la durée du travail pour avoir une pension à taux plein !
- Et quand on sait que l’âge moyen d’entrée sur le marché du travail était en 2005 de 22,5 ans, on mesure le décalage entre la proposition du PS et la réalité vécue par les Français !
- Avec cette manipulation, le PS nous refait le coup des 35h ! Une belle promesse et derrière, les Français trinquent avec une baisse de leur pouvoir d’achat.
2) Pour le reste, la recette miracle du PS n’a pas changé depuis 1981 : plutôt que de réforme, il suffit d’augmenter les impôts !
- Le PS propose d’augmenter les impôts de 45 Mds € en frappant les cotisations sociales ; l’intéressement et la participation et de taxer les banques ! Tout cela au détriment du pouvoir d’achat des Français, de la compétitivité de notre pays et de l’emploi !
- Désolé, mais la France n’est pas une île ! Et notre taux de prélèvements obligatoire est déjà l’un des plus élevés des pays développés : le taux de PO est à 41,3% du PIB en France contre 36 % pour les pays de l’OCDE… (environ 35% en Allemagne, 28 % aux États-Unis, 27,9 % au Japon et 35,9 % en moyenne dans l’OCDE).
- Idem pour les cotisations sociales : la France est l’un des pays industrialisés où la part des cotisations sociales dans le PIB est la plus élevée (16,3 % en 2006 –dates des derniers comparatifs établis par l’OCDE- contre 13,7 % pour l’Allemagne, 6,9 % pour le Royaume-Uni et 6,7 % pour les Etats-Unis…). Rappelons juste qu’un point de cotisations patronales en plus = 50 000 emplois en moins !
- Taxer l’épargne salariale c’est taxer les classes moyennes. Ce sont environ 7 millions de salariés qui bénéficient de l’intéressement et de la participation !
- Enfin, augmenter de 15% l’IS sur les banques, c’est pénaliser un de nos secteurs économiques les plus performants ! La banque est un des premiers employeurs privés du pays avec 400 000 salariés et 30 000 recrutements par an, c’est 1724 milliards d’euros de crédit et 1694 milliards d’euros de dépôt, c’est 2,6 % du PIB… Bref c’est un secteur qui marche, qui pèse, qui embauche, où l’on compte des champions. Une progression de 15% de la taxe sur les banques les fera fuir hors de France !