► Pourquoi les enseignants vont-ils bénéficier d’une revalorisation salariale?
Luc Chatel a annoncé, dimanche 28 mars, que les enseignants titularisés à la rentrée de septembre toucheront un salaire supérieur de 10% à la rémunération de début de carrière qui avait cours l'année précédente.
C’est une décision juste, qui faisait partie des engagements de campagne du Président de la République, et qui s’explique par le fait que les jeunes enseignants français sont moins bien payés que leurs homologues étrangers.
Nos jeunes enseignants sont en effet moins bien rémunérés en France qu’à l’étranger, alors qu’ils travaillent autant sinon plus. Le temps d’enseignement d’un instituteur du primaire est en effet de 798 heures en moyenne au sein de l’Union Européenne, contre au moins 900 heures en France ! D’après les statistiques de l’OCDE de 2007, un enseignement du primaire gagne en moyenne, en début de carrière, 23 640 dollars par an en France, contre une moyenne de 28 687 dollars au sein de l’OCDE et de 29 518 dollars au sein de l’Union Européenne à 19. Après quinze ans de carrière, les enseignants français sont toujours moins bien lotis avec un salaire annuel moyen de 31 800 dollars, contre 39.610 dollars pour l'UE19 et 39.007 pour la moyenne de l'OCDE. Ce différentiel ne s’estompe qu’en fin de carrière.
Cette faiblesse des salaires était d’autant plus injuste que les enseignants sont désormais recrutés au niveau master 2 (bac + 5), ce qui signifie qu’ils doivent effectuer une année supplémentaire d’étude par rapport à leurs collègues plus âgés. Cet effort de formation se devait d’être associé à une gratification salariale.
C’est pourquoi le Ministre de l’Education Nationale, Luc CHATEL, a souhaité poursuivre l’effort en faveur du pouvoir d’achat des enseignants en se concentrant sur la situation des plus jeunes titularisés.
Les autres enseignants ne sont pour autant pas laissés pour compte. Depuis deux ans, de nombreuses actions ont déjà touché l’ensemble du corps éducatif : une prime de 500 € a été mise en place pour les enseignants effectuant au moins deux heures supplémentaires par semaine, une prime de 400 € a été instaurée pour les évaluations dans le primaire, le montant de la rémunération pour les copies corrigées a été augmenté, et depuis septembre 2009 les personnels d’éducation peuvent bénéficier d’un prêt à taux zéro…
► Concrètement, comment cette augmentation va-t-elle se passer ?
A la rentrée 2010, près d’un enseignant sur quatre devrait bénéficier d’une revalorisation salariale. Cette mesure va profiter à environ 170 000 enseignants déjà en fonction, ainsi qu’à 20 000 débutants.
En début de carrière, les professeurs des écoles et les professeurs certifiés bénéficieront ainsi d’une augmentation de 157 euros nets par mois, et de 259 euros pour les professeurs agrégés, ce qui représente une hausse de plus de 10%. Dès les premiers échelons franchis, ces augmentations se transformeront en un bonus de 55 euros.
En ce qui concerne les néo-titulaires, c'est-à-dire les enseignants ayant moins de sept ans d’ancienneté, ils recevront 660 euros nets supplémentaires par an pendant sept années de manière à éviter qu’un enseignant se retrouve moins bien payé qu’un jeune collègue tout juste recruté. .
► Est-il judicieux d’augmenter les salaires des enseignants et dans le même temps de prôner une maîtrise des dépenses publiques ?
Cette augmentation des salaires n’est pas financée par l’endettement ! La majorité s’était engagée à redistribuer aux enseignants la moitié des économies dues au non-remplacement des départs à la retraite.
C’est chose faite avec les revalorisations salariales, qui représentent un coût de 196 millions d’euros soit la moitié de l’argent économisé avec la politique de non renouvellement des postes. La majorité fait ainsi le choix d’avoir moins de fonctionnaires de l’Education Nationale, mais mieux formés, mieux payés et mieux considérés.
Les augmentations de salaires s’inscrivent aussi dans le cadre du « pacte de carrière » proposé aux enseignants. Tout l’enjeu est de leur offrir une meilleure formation, un meilleur accompagnement et de plus grandes perspectives de mobilité professionnelle. Dans cette optique, et alors que la formation continue des enseignants constituait une véritable carence dans l’Education nationale, les enseignants pourront recourir à leur «droit individuel à la formation » (DIF) dès la rentrée 2010.
Il s’agit d’une formation complémentaire à celle proposée par l’Education Nationale, suivie sur la base du volontariat. A raison de 20 heures par an, cumulables sur plusieurs années, tout professeur ayant un projet pour élargir son champ de compétence ou préparer une évolution professionnelle pourra suivre cette formation, rémunérée à 50% du salaire horaire, pendant les vacances scolaires.
Par ailleurs, tous les professeurs après deux ans, puis tous les quinze ans de carrière, seront convoqués à un entretien systématique, afin de discuter de leur mobilité professionnelle et de leurs aspirations.
Très claire, vous êtes à l'origine d'un fabuleux blog qui m'est précieux en tant qu'enseignant. Fabien
Rédigé par : ARAQUE | 25 mai 2010 à 11:25
Je me permets d'intervenir sur cet article qui est erroné dans ses grandes lignes. Les nouveaux enseignants ont vu leurs salaires DIMINUER par cette "décision juste".
En effet, la petite augmentation de 660 euros par an ne compense en rien l'année supplémentaire d'étude. En effet les neo enseignants NE "recevront PAS 660 euros nets supplémentaires par an pendant sept années" puisqu'au bout de 7 années le nouvel enseignant rejoindra le salaire d'un enseignant normal. Autant dire que sur les dernières années l'augmentation sera de 200euros, 100euros puis 50euros etc...Admettons qu'un nouvel enseignant gagne 600 euros de plus par an pendant 7 ans (ce qui n'est pas le cas en réalité, c'est moins). Cela fait 4200euros d'augmentation (600 X 7 ans). Avant un étudiant devait faire une année de prépa CAPES après sa licence afin d'obtenir le CAPES (équivalent de l'année de Master1). Ensuite le certifié commençait à donner des cours tout en étant formé (à l'iufm) et payé. Non seulement le nouveau professeur perd un an de formation mais aussi un an de salaire soit 1300euros X 12 mois = 15 600 euros.
En définitive un nouvel enseignant perd 11 400 euros, un an de formation et un an de cotisation pour la retraite.
Le gouvernement a bien joué le coup en faisant croire que les nouveaux enseignants seraient augmentés. Au final l'Etat a fait des économies mais a la malhonnêteté de dire qu'il a tenu ses promesses en augmentant les salaires des nouveaux enseignants. La population en a été persuadée mais la dégringolade des conditions des enseignants continue. On ne peut le nier. C'est toute la société qui en paiera les conséquences puisque l'éducation est la base de la pyramide.
Cordialement.
Julien Dechazal - Étudiant en master Recherche Biologie & Environnement.
Rédigé par : Julien Dechazal | 15 février 2011 à 21:57