► Pourquoi lancer un grand débat sur l’identité nationale ?
Parler d’identité, c’est tout sauf un prétexte politicien, c’est ouvrir un vrai débat de fond, qui touche à l’essence même de la politique. Cette réflexion est devenue indispensable parce que sur ces sujets nous vivons dans le déni de
Depuis une trentaine d’années, nous avons commis l’erreur de ne pas expliquer ce que cela signifie « être Français aujourd’hui ». Il s’agit tout autant d’avoir un discours d’explication et d’acceptation de notre passé, que de prendre en compte les évolutions de la société française. On ne peut pas faire comme si la population d’aujourd’hui était la même qu'il y a cinquante ans. C’est oublié l'évolution de sa composition, de ses origines, de ses pratiques religieuses, de ses modes de vie… La population issue de l’immigration de la seconde moitié du XXe siècle n'a toujours pas reçu les codes d’accès. Cela a conduit à des tensions grandissantes au sein d'une population composée de gens qui sont tous Français mais qui ne se parlent pas, ne s'écoutent pas, ne se respectent pas. Il est vital de retrouver les raisons de vivre et de réussir ensemble pour prolonger l'aventure française.
► Sous l’étiquette « identité nationale », s’agit-il de lancer un débat sur l’immigration en France ?
Ce serait une erreur réductrice de s’en tenir à un débat sur l’immigration. L’identité nationale concerne tous les Français. Elle pose la question du vivre-ensemble dans une société fragile. L’immigration est bien sûr un vrai sujet mais notre communauté nationale est fragilisée par bien d’autres lignes de fractures :
§ Les différences géographique : France rurale et France urbaine. On a parfois l’impression que
§ La différence générationnelle : quid de la solidarité intergénérationnelle? Attention à ne pas entrer dans une logique où les jeunes générations ont le sentiment qu’elles vont payer pour l’insouciance de leurs aînés. La question de la dette publique n’est plus qu’une question économique. C’est une question sociale qui renvoie à la solidarité entre Français de différentes générations. Cette question peut prendre une tournure dangereuse, si on donne l’impression de jouer les « seniors » contre les « jeunes ».
§ Les inégalités hommes-femmes, notamment dans la sphère professionnelle. On ne peut pas faire des grands discours sur le vivre-ensemble et sur l’égalité et se contenter des inégalités insupportables qui subsistent entre les hommes et les femmes, notamment dans le domaine politique et professionnel : différences de salaires à poste égal, différence de niveaux de retraites, plafond de verre pour l’accès aux responsabilités, manque de considération pour les mères…
§ Les différence d’origine et de confession : le fameux débat entre « multiculturalisme » et « assimilation ». L’assimilation a réussi dans la première partie du 20ème siècle. Aujourd’hui, on ne demande plus à personne de se dépouiller de sa culture d’origine pour devenir Français. Mais le fameux « droit à la différence » des années
Le grand défi pour
► Comment va se dérouler ce débat ?
L’initiative d’Eric Besson est une excellente opportunité. Les députés de la majorité vont s’impliquer à fond dans ce débat. C’est un sujet qui leur tient déjà à coeur. Je pense notamment au rapport sur le respect des symboles républicains qu’ont remis en mai dernier Jean-Philippe MAURER, Député du Bas-Rhin, Jacqueline IRLES, Député des Pyrénées-Orientales, Françoise HOSTALIER, Député du Nord et Philippe MEUNIER, Député du Rhône, à la suite de
Et puis, mener un débat sur deux mois dans toutes les préfectures, c’est un « tour de chauffe » ! Mais cela ne suffit pas. Ne croyons pas que nous aurons clôturé en février une réflexion qui doit être permanente ! Les députés seront là pour que le débat se poursuive et notamment pour éviter que la réflexion sur l’identité implique uniquement des initiés. Nous avons bien sûr besoin des avis d'historiens, de philosophes, d'intellectuels mais ce sont surtout les Français qui doivent s'approprier ce débat... Nous, les députés UMP, nous avons donc décidé d'organiser des consultations dans nos circonscriptions et de créer un site de débat sur Internet pour aller à l'écoute des Français au plus près du terrain.
► Quelles convictions fortes sur l’identité voulez-vous porter dans ce débat ?
Réfléchir sur l’identité française touche à une réalité complexe, collective et en même temps très intime. Mais on peut définir plusieurs angles d’approche :
1) Etre Français, c'est s'approprier l'Histoire de ce pays, riche de sa diversité. Tous les Français, quelle que soit leur origine, doivent pouvoir s'inscrire avec fierté dans cette histoire, en assumant ses heures de gloire et ses parts d'ombre. Nos prédécesseurs n’étaient pas à l’aise avec le passé parce qu’ils avaient été parties prenantes d’événements troubles ou douloureux (Vichy, colonisation, guerre d’Algérie…) Par conséquent, nous avons arrêté d’évoquer le passé, d’assumer notre histoire. Au lieu de régler les problèmes, on a fait grandir le malaise dans toute
2) Mais une identité se ne résume pas à des origines et à un passé ! Etre Français, c'est partager les valeurs au présent. Nous devons refaire le point ensemble sur ce qu'implique notre devise « Liberté, égalité, fraternité » en ce début de 21ème siècle.
3) Etre Français, c'est surtout vouloir construire un avenir ensemble. Comment faire de
4) Enfin, les Français ont souvent une attitude de revendication à l’égard de leur pays. Ils considèrent qu’ils ont des droits sur la communauté nationale en oubliant de s’interroger sur leurs devoirs. Bien sûr, l’Etat a un devoir vis-à-vis des Français, en mémoire de ceux qui ont sacrifié leur vie pour ce pays : le devoir d’assurer la continuité de l’aventure nationale, le devoir d’assurer ses missions régaliennes et en particulier la sécurité et la protection de la liberté, le devoir de faire vivre la solidarité, notamment à travers la pérennisation de notre modèle de protection sociale…
Il s’agit d’inviter chaque Français à s’interroger sur la dette qu’il a à l’égard de son pays. Comment rendre un peu de ce qu’on a reçu ?
C’est dans cette perspective par exemple qu’il faut mener une réflexion sur le service civique obligatoire, une façon concrète de participer à l’intérêt général, d’expérimenter cet équilibre des droits et des devoirs sans lequel il n’y a plus de communauté nationale.
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