La Mission Locale du Chablais tenait son Assemblée Générale la semaine dernière. Voici pour rapport Moral.
" Dans cette période où les difficultés économiques frappent durement les jeunes que nous accompagnons dans nos structures, de nombreuses initiatives sont prises par les différents acteurs de l’insertion et notamment par les pouvoirs publics.
Un haut commissaire à la Jeunesse, Martin Hirsch a été nommé il y a quelques mois déjà. Il a lancé le 9 mars dernier une commission de travail sur la politique de la Jeunesse.
D’autre part, le Gouvernement travaille actuellement sur la réorganisation des services publics de l’emploi avec en projet un texte qui sera proposé au Parlement dans quelques semaines.
Cette actualité doit être pour nous l’occasion de réaffirmer que notre réseau de Missions Locales, adossé aux collectivités locales, a toujours su se mettre au service des jeunes que nous accompagnons tout au long de l’année.
Nous nous devons aussi, face à la situation actuelle, dont les jeunes sont les premières victimes avec une hausse de plus de 63% du chômage des moins de 25 ans en Haute-Savoie (soit en début d’année 15% des chômeurs qui sont des jeunes), de valoriser les jeunes accompagnés par les Missions Locales et le travail fait par nos équipes en faveur de l’insertion sociale et professionnelle de ces derniers.
Aujourd’hui, plus qu’hier, je souhaite que vous soyez convaincus de l’importance de conserver un accompagnement individualisé pour favoriser la mise en emploi des jeunes. Les moins de 26 ans accèdent à un emploi stable de plus en plus difficilement, et cette situation inquiétante requiert une politique publique volontaire et spécifique. Par ailleurs, face à des problématiques multiples, l’accompagnement des jeunes doit rester globalisé (emploi, formation, logement, santé, mobilité, situation d’urgence…) et assuré un référent unique, qui conduise le jeune à la qualification, et à l’emploi.
Aujourd’hui, alors que les Missions locales ont besoin d’un maximum de sérénité et de soutien pour faire face à l’affluence grandissante des jeunes dans nos structures du à la crise, certains continuent de nier l’action des Missions Locales et réclament une mise à plat, voir une remise en cause de nos dispositifs.
Nos structures, de part leur petite taille ont prouvé qu’elles pouvaient s’adapter sans aucune difficulté aux nouveaux besoins du terrain.
Nos équipes, motivées, ont prouvé qu’elles pouvaient être force de proposition face à des problématiques naissantes.
Nos Missions Locales pilotées par des élus locaux ont prouvées leur efficacité sur leur territoire avec des solutions sur mesure adaptées à un bassin économique donné.
Alors certes, un Plan Jeunes a été annoncé le 24 avril dernier. Il va selon nous dans le bon sens car il redécouvre les vertus d’une politique dédiée aux jeunes. Mais nous restons méfiants car certains députés menacent encore d’intégrer les Missions locales dans les Maisons de l’Emploi ou dans Pôle Emploi. Les Missions Locales sont aujourd’hui le premier cotraitant de Pôle Emploi. Notre offre de service est reconnu et apprécié par Pôle Emploi.
Pourquoi vouloir imaginer une absorption qui créera une grosse machine avec des réponses uniques pour des individus différents.
Certes, nous convenons qu’il y a un problème.
Le chômage des jeunes est le mal français.
Depuis les années 70, les plans se succèdent mais le problème demeure. Tout a commencé par le « pacte pour l’emploi des jeunes » de Raymond Barre en 1977, puis il y a eu les TUC de Laurent Fabius en 1984, les CES, les CIP d’Edouard Balladur en 1993 et les Emplois Jeunes de Lionel Jospin en 1997. Une armada de contrats qui n’a pas empêché le taux de chômage des jeunes de se maintenir depuis trente ans, entre 16% et 25% au gré de l’évolution de la courbe de croissance. Un bilan peu flatteur pour tous les responsables politiques qui se sont succédés car pour seule réponse ils ont tous donné de l’aspirine qui ne peut soigner ce cancer social qu’est le chômage des jeunes. Parfois les politiques sont même extrêmement maladroites, car elles stigmatisent les jeunes en les enfermant dans des formes de sous-emploi avec des sous-contrats.
Il faut être lucide. Le problème du chômage des jeunes est un problème de fond, avec des causes structurelles.
Au premier rang desquelles il y a l’échec scolaire, et une orientation défaillante qui exclue plus qu’elle ne promeut l’enfant.
Comme cause, il y a aussi la qualification professionnelle et notre système de formation (qualifiante, diplômante…) qui ne répond pas au besoin des entreprises qui proposent les emplois.
Nous croyons fortement en l’alternance. Malheureusement cette voie n’est pas aussi développée qu’elle pourrait l’être.
Enfin, autre problème structurel, le marché du travail qui n’est pas très accueillant pour les jeunes. Aujourd’hui nous avons d’un côté les bénéficiaires d’un CDI avec la protection du code du travail, et de l’autre nous avons les jeunes qui doivent supporter tout le poids de la flexibilité et de la précarité de l’emploi. Par principe, en France, un jeune souffre d’un déni de compétence, c’est le constat que l’on fait.
Au bout du compte, on a beau nous proposer des plans, ou des contrats aidés pour les jeunes, tant que la société française ne voudra pas enterrer ses blocages culturelles, on devra continuer à vivre avec un chômage des jeunes important.
Voilà les questions de fond qui nous semblent être importantes à aborder aujourd’hui. Alors supprimer les Missions Locales, ou les faire disparaître dans un Pôle Emploi gargantuesque, ne nous semble pas être le fond du problème, ni la solution.
Soyons sérieux, la situation actuelle ne nous semble pas être la plus propice à des querelles dont les jeunes que nous accompagnons ne pourraient que pâtir. C’est le message que les Missions Locales feront passer à Martin Hirsch dans quelques jours, et comptez sur nous pour prendre toute notre place au sein des travaux de la Commission sur la politique de la jeunesse.
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