L’année 2006 est ma première année pleine en tant que Présidente. Une année d’aventure, de défi, d’engagement, de remise en question. Et une année victorieuse.
2006 fut l’année de l’audit. Et du même coup, l’année des vérités. Toutes ne sont pas faciles à entendre. Se fut la remise en question. Si notre compétence n’a jamais été remise en cause, notre organisation est apparue obsolète et notre image floue. Mais grâce au bureau qui a su se mobiliser, à l’équipe qui s’est montrée réaliste on a su rebondir et mettre en route une nouvelle synergie.
2006 aura été l’année des contrats. Le contrat d’objectif avec le Conseil Régional, et une convention pluriannuelle avec le Conseil Général. En jeu, nos missions, nos objectifs qui doivent être convergents. Mais aussi les finances de notre structure, car chaque contrat vaut engagement financier d’une collectivité.
2006 a été aussi l’année des défis. Reprise de l’action sur la saisonnalité à la demande du SIAC. Nous avons, depuis cet hiver, la charge de l’accueil, de l’orientation et de l’aide aux travailleurs saisonniers qui viennent dans le Chablais. Mais cette mission nous la voulons en adéquation avec notre façon de travailler. Nous sommes des acteurs de terrain. Avec le chargé de mission du Point Accueil Saisonnier, j’ai vu chacun des élus du Chablais pour évoquer avec eux la question de la saisonnalité. Nous avons également rencontré les gros employeurs des saisonniers, ainsi que les représentants des hôteliers, restaurateurs, commerçants, office de tourisme, remontées mécaniques. Nous avons engagé un véritable travail de fond qui nous permettra dans quelques mois de présenter une feuille de route pour l’hiver prochain et un livre blanc de ce qu’il serait bon de faire tant au niveau local, que régional voir national- ce livre blanc sera communiqué à la mi avril. Nous savons que l’emploi saisonnier est en enjeu économique important pour notre bassin d’emploi. Nous aimerions que tous les chablaisiens en aient conscience. Il nous faudra, donc, tous ensemble trouver des solutions. C’est avec ce seul objectif que j’ai pris la Vice-présidence du groupe de travail préfectoral sur l’accueil, l’information, la formation et l’emploi des saisonniers.
2006 aura été l’année de la victoire. Je suis très fière des résultats de la Mission Locale du Chablais dans le cadre du CIVIS. 179 jeunes en difficulté ont signé un Contrat d’Insertion dans la Vie Sociale dans le Chablais. On a dépassé les exigences fixées par l’Etat. Et la Mission Locale du Chablais est l’une des meilleurs de France quant aux sorties en emploi durable. Au niveau national le taux de sorties positives est de 43% ; au niveau régional il est de 46%, au niveau départemental il est de 52%, et dans le Chablais il est de 62,5%. L’état demandait un taux de réussite de 60%, nous sommes une des seules Mission locale de France à avoir rempli cet objectif. Voilà une grande victoire pour nous. Pour toute l’équipe de la Mission Locale du à un travail décloisonné et transversal. Mais le CIVIS a fait l’objet d’un grand débat dans notre Mission Locale. En effet, nous avons accueilli dans ce programme 25% de mineurs. Jamais nous avions vu autant de moins de 18 ans dans nos locaux. Nous avons cherché à comprendre. Et aujourd’hui nous avons un projet qui me semble prometteur. Il vous sera présenté tout à l’heure.
Dans un instant vous prendrez connaissance de notre rapport d’activité. Je sais que, ce qui intéresse « nos juges » est le nombre de mise en emploi. Mais de l’action, au sens dogmatique du terme, de notre Mission Locale, au bout du compte, vous savez peu de chose. En fait, vous vous contentez de ce « peu de chose ». Car qu’importe le comment, nous voyons bien qu’en fait seule la mise en emploi vous intéresse. Cependant, il est temps d’avoir conscience de la pression quotidienne qu’exerce sur nous la demande d’insertion, plus exactement les difficultés des jeunes. Il est temps de découvrir que les gens des Missions Locales sont des bricoleurs. Ils ont des valeurs, mais ils n’ont pas un champ théorique bien clos. Ils sont par contre animés de la conviction, vérifié par la pratique, que l’on ne résout pas un problème sans traiter tous les problèmes : quand pour un jeune sont posés des problèmes de logement, de santé et l’emploi, on prend à bras-le-corps le logement et la santé et l’emploi. Pas seulement l’emploi. Parce que, si on ne le fait pas, si on ne s’occupe que de l’emploi, on peut être assurée d’un échec annoncé. On nous juge sur le nombre de jeunes accueillis, le nombre de mises en emploi. En fait, on nous attend sur la partie émergée de l’iceberg, celle qui se voit. Mais comme le soulignait Philippe Labbé, chercheur à l’université de Haute-Bretagne, « les gens des Missions Locales travaillent en immersion. Ils sont sous la ligne de flottaison, occupés par la partie immergée de l’iceberg, celle qui ne se voit pas ». A force d’entendre des raccourcies, des idées reçues, j’ai un sentiment de tristesse. J’aimerais, que tous, vous ayez conscience de l’immense travail de fond que nous faisons chaque jour. J’aimerais aussi que l’on arrête de nous faire croire qu’il existe une solution miracle pour éradiquer le chômage des jeunes. J’aimerais que l’on dise la vérité. Et fort de notre expérience, je peux vous dire que l’on combattra le chômage par une accumulation de solution. Pour la bonne et simple raison qu’à partir du moment ou nous travaillons sur des individus tous particuliers nous ne pouvons penser à une solution globale.
Commentaires