René Bauden officier de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, nous a quitté le 30 octobre. Ses obsèques auront lieu ce jour à Anthy. Le Chablais lui rendra hommage.
René Bauden a eu a coeur ces dernières années de cultiver le devoir de mémoire en parcourant les Lycées du Chablais à la rencontre des jeunes pour témoigner.
Portrait de rené Bauden Paru dans Le Messager en MAI 2010
Winston Churchill est un compagnon de la Libération. Jean Moulin aussi, tout comme le général Leclerc. Romain Gary est un compagnon de la Libération. René Bauden est un compagnon de la Libération. « C'est un ordre prestigieux, créé par le général De Gaulle en 1940 à Brazzaville, explique Michel Bauden, un des fils de René, qui est accessoirement professeur d'histoire. Le général l'a créé car il ne souhaitait pas décerner aux gens qui se battaient pour la liberté la Légion d'honneur, qui était la décoration de Pétain et de l'Etat français. Mon père l'a reçu en 1945, à la fin du conflit. » Comme René, qui a aujourd'hui les cheveux d'un blanc immaculé et le regard ému, 1061 personnes en tout seront faites compagnons, dont 300 à titre posthume. Il n'en reste désormais plus que 42, et un seul vit en Haute-Savoie.
Il s'engage dans la Royal Air Force
René Bauden entre en guerre en 1939 après avoir effectué son service militaire l'année précédente. Le Nordiste, né à Watten, a alors 21 ans. Ses premiers faits d'armes n'auront pourtant pas lieu près de chez lui, ni même dans son pays. Le 25 décembre 1939, il est envoyé au Moyen-Orient. Il est à Beyrouth en janvier 1940 et à Damas le jour de l'armistice du 22 juin 1940. Opposé à cette décision, René décide de poursuivre le combat, et prend alors la décision de s'engager dans la Royal Air Force (RAF), l'armée de l'air britannique, en tant que radio-mitrailleur, le 16 juillet, jour de son anniversaire. Quelques mois plus tard, il livrera sans doute le plus beau combat de sa vie, celui que toute la famille célèbre encore aujourd'hui au champagne.
Il descend Marseille
Le 20 décembre, René part en mission à bord de son avion, un bombardier Blenheim. L'escadrille, composée de gros appareils mais aussi de chasseurs, vole au-dessus d'Agebadia, en Libye, lorsqu'elle est surprise par un groupe de Messerschmitt allemands, dont un piloté par le célèbre aviateur germanique, Hans-Joachim Marseille. Après avoir dispersé les chasseurs anglais, Marseille décide d'attaquer le Blenheim de René, qui est à la mitrailleuse.
Après un âpre combat, le poids lourd abat le poids léger et parvient à se poser, presque entier. Au sol, les mécaniciens dénombreront 33 impacts de balles et 2 traces d'obus. A la suite de cet exploit, René Bauden obtiendra une permission exceptionnelle qu'il passera en Egypte. Exceptionnelle car c'est là-bas qu'il rencontrera sa femme, Hélène, fille d'un Maringons et d'une Anthychoise.
Romain Gary lui vole "L'avion aveugle"
La suite des aventures de René se passera en Europe, qu'il retrouvera après avoir fait le tour de l'Afrique en bateau entre octobre et décembre 1942. En Ecosse, il est affecté au groupe Lorraine, au sein duquel il côtoiera Pierre Mendès-France et Romain Gary, lequel lui a usurpé une autre victoire.
Le 25 janvier 1944, le futur écrivain, un autre pilote et René, sont envoyés en mission. A leur retour, ils sont la cible des Allemands qui leur tirent dessus. Le pare-brise du bombardier vole en éclats et blesse le pilote aux yeux, qui ne s'évanouit pourtant pas. Gary prend un éclat d'obus dans le ventre et perd connaissance. René est donc la seule personne capable de ramener l'avion à bon port et de se sauver la vie au passage. Grâce aux conseils du pilote et son courage, le Nordiste réussit la prouesse de faire atterrir l'avion. Ceci est la vérité historique, et non la vision romancée de Romain Gary, lequel s'est attribué le mérite de l'exploit à la fin d'un de ses livres, Les morsures de l'aube. Pas rancunier, René laissera la gloire au futur prix Goncourt.
Après la guerre, René ne travaillera pas chez Air France, comme beaucoup de ses amis, mais aux PTT, à Paris. Il épousera Hélène et ils quitteront la capitale en 1978, au moment de la retraite de René, pour venir s'installer à Anthy, où toute la famille avait l'habitude de venir passer ses vacances.
Le 18 juin 2010, René Bauden etait invité à commémorer le 70e anniversaire de l'appel du général De Gaulle, à la fois en Angleterre et en France. Il rencontre la Reine d'Angleterre et le président de la République.
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