Depuis le printemps, l’agriculture est au cœur de l’actualité avec entre autre la sécheresse, grave accident climatique qui fragilise financièrement certaines exploitations. Grâce aux accords trouvés avec les régions céréalières, la paille manquera moins cette année que prévu. C’est ce qui a motivé 200 agriculteurs des deux Savoie à demander l’aide de l’”opération solidarité fourrage”. Cependant, d'après les éleveurs, le déficit est estimé à -30% sur les récoltes de foin. Pour voir plus loin que l’actualité, je vous propose un coup de projecteur sur l’agriculture de notre département.
La Haute-Savoie a su conserver un patrimoine naturel remarquable qui en fait un pôle agricole de 1er plan.
La surface consacrée à l'activité agricole s'élève à 144 000 hectares soit un tiers de notre territoire. Nous avons 4 100 exploitations agricoles qui représentent 6 500 emplois temps plein, et font vivre 17 000 personnes. 1 exploitant sur 2 a une double activité (métier de la montagne l’hiver, agriculture l’été.
L’agriculture de Haute-Savoie est une agriculture d’excellence
Grâce notamment à sa production laitière dominante de renom, mais aussi à ses productions fruitières et viticoles reconnues. Pour les deux Savoie, nous avons 10 labels : 6 AOC (abondance, reblochon, tome des bauges, gruyère, chevrotin, vins de Savoie) ; 4 IGP (emmental de Savoie, tomme de Savoie, pommes et poires de Savoie).
L’agriculture est une véritable économie en Haute-Savoie
La valeur des productions agricole avoisine 270 millions d’Euro, et ne représente que 8 % de la valeur des productions de la région Rhône-Alpes. Elle est très marquée par des produits à forte valeur comme les fromages sous signes de qualité qui donnent au lait produit un prix élevé, l’un des plus élevé de France. Le prix moyen net producteur du lait livré en 2008 se situe à 441 €/1 000 l, soit un différentiel avec le prix moyen national de 25 %. La part des subventions dans la valeur des productions est une des plus faibles de France, 14 %, liée à la dominante de la production laitière, mais représentative d’une profession qui a su tirer le meilleur profit de la valorisation de ses produits.
L'élevage
L'élevage est la première production agricole de la Haute-Savoie : elle totalise près de 60% de la production départementale. La production laitière constitue l'essentiel de la production de l'élevage et représente plus de 40 % de la production agricole totale annuelle.
La filière laitière
Il s'agit de la principale filière du département. Elle occupe 80 % des exploitations professionnelles et participe pour 75 % (lait + bovins de réformes + vente de veaux de 8 jours + céréales auto-consommées) à la valeur des productions de Haute-Savoie. Le lait est principalement dirigé vers la fabrication de fromages sous signes officiels de qualité.
Les produits labellisés (AOC et IGP) apportent une plus-value aux exploitations laitières : Reblochon, Tomme de Savoie, Emmental de Savoie, Abondance, Produits frais Bio, Chevrotin, Tome des Bauges et Gruyère.
Les céréales
Occupent le 3e rang en termes d'occupation des sols agricoles en Haute-Savoie. Ils s'étendent sur près de 11 300 ha et dégagent un produit de 11,7 millions d'euros (soit 4,3% de la production agricole du département).
La pêche
Quotidiennement des pécheurs traquent la perche, la féra, la truite, l’omble chevalier ou même l’écrevisse sur les 582 km2 du plus grand lac alpin, le Lac Léman. Lorsque l’on parle agriculture, on oublie souvent la pêche. La côte française du Léman compte 42 pêcheurs professionnels et 4 mareyeurs. La pêche représente, selon les années, 320 à 480 tonnes de poissons. Les pêcheurs du Léman contribuent à la sécurité sur le lac. Ils ont un rôle de conseil envers les touristes et interviennent lors des naufrages. Ils ont donné naissance à des sociétés de sauvetage du bord du lac et les animent encore.
La pêche connaît un coût de jeune et de modernité. Mais elle souffre d’une réglementation qui manque de réactivité face aux réalités du lac (taille des filets, par exemple), d’une cohabitation parfois difficile avec les plaisanciers et d’une évolution des berges qui met en danger certaines espèces. Les pêcheurs font partie de notre paysage lacustre, on doit aussi penser à eux. Imaginons nos ports demain sans pêcheur, sans filet, sans guérite…. Imaginons nos restaurants sans poisson du lac à la carte…..et nos marchés sans étale de produits régionaux
Les vins
Le vignoble haut savoyard occupe une surface plus modeste, mais s'octroie tout de même 19% du chiffre d'affaires agricole du département.
L'agritourisme
Ces dernières années, l'agritourisme s'est développé dans le prolongement de l'activité agricole sous forme de vente directe de produits ou d'hébergement à la ferme (camping à la ferme, gîtes, etc.). Les actions d'accueil et de sensibilisation marquent également l'élargissement des activités agricoles. En Haute-Savoie, l'ensemble de ces prestations a progressé de 50% depuis 1991, sous forme de production de services.
L’agriculture est un véritable partenaire
Elle participe activement à l'entretien des espaces touristiques et des paysages (alpages…), à l'animation des zones de montagne et à la diversification dans le cadre de structures d'accueil en milieu rural (gîtes ruraux…)
Pour une vraie politique agricole spécifique à nos territoires
- L’agriculture dans notre département est une véritable activité structurante de nos territoires ruraux. Des territoires en pleine évolution. Dans cette évolution sachons ne pas oublier l’agriculture seule garantie de conserver un caractère rural. 1000 hectares de terres agricoles disparaissent chaque année dans les deux Savoie.
- il nous faut retravailler le dossier de l’aide à l’installation. Elle doit être plus souple et permettre un véritable dynamisme local.
- Imaginer une politique pertinente qui favorise les projets innovants des jeunes agriculteurs.
- La politique en faveur des alpages. Nul besoin d’être un expert pour savoir que l’agriculture de montagne est plus complexe que l’agriculture de plaine. Les contraintes typographiques, le poids de la neige, l'intégration paysagère, les traitements des effluents, etc. sont à l'origine de surcoûts très importants. Aujourd’hui, on veut une politique globale alors que notre agriculture de montagne a besoin de programmes beaucoup plus forts en terme de soutien aux investissements.
- La politique de filière doit soutenir les petites filières spécifiques. Elles sont garantes de produits locaux de qualité dans l’intérêt de l’agriculture et du consommateur.
- L’agriculture savoyarde (comme régionale) doit trouver son positionnement. Entre les enjeux de la mondialisation, l’élargissement de l’Union Européenne aux PECO (pays de l’Europe Centrale et Orientale), les accords de Madrid, la disparition des quotas laitiers….. et les nouvelles attentes des consommateurs ; l’agriculture doit renforcer ses réseaux, ses filières, sa valeur ajoutée…les filières les mieux implantées sur le marché local s'en sortiront le mieux.
La défense de notre agriculture passe aussi par une consommation responsable, à savoir celle des produits de notre terroir. Préférons, par exemple, le Reblochon au fromage à Tartiflette, vulgaire copie de grande surface. Préférons les fruits et les légumes de saison, et les productions locales.
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